Pokémon Go : à l’assaut de la réalité [Quand j’entends le mot culture]

lundimatin inaugure sa nouvelle rubrique culturelle par une méditation sur le phénomène Pokémon Go

Vulture - paru dans lundimatin#71, le 7 septembre 2016

Pokémon Go soigne l’autisme, en permettant d’arpenter le monde sans avoir besoin de le regarder dans les yeux. Pokémon Go est bon pour la santé. Pokémon Go stimule l’économie en permettant à des petits commerces et autres franchises d’abriter des pokéstops pour attirer la clientèle. Pokémon Go permet de retrouver le gout de l’aventure et de l’exploration à l’heure de la transparence et de la mondialisation. Pokémon Go redonne des raisons à la rencontre et à l’expérience de la communauté. Pokémon Go est genderfluid, et n’assigne pas les joueurs à autre chose qu’un « style ». Pokémon Go augmente la réalité. Pokémon Go réveille l’enfant enfoui chez le salarié post-adolescent. Pokémon Go encourage les jeunes à s’intéresser à la géographie du monde qui les entoure. Pokémon Go fait revenir les hommes dans leurs anciens lieux de culte. Pokémon Go repeuple le monde. Pokémon Go est la plus vaste chasse au trésor que l’humanité n’ait jamais connue, une véritable quête de masse, la première battue planétaire.

Pokémon Go est déconseillé en Bosnie à cause des champs de mine non démantelés. Pokémon Go a vu sa sortie française repoussée à cause des attentats, et sa grande chasse de lancement au jardin du Luxembourg annulée d’un revers de main par le Sénat. Pokémon Go fait l’objet d’une prévisible fatwa le condamnant, lui et ses adeptes. Pokémon Go distrait les conducteurs, et les conducteurs tuent des passants. Pokémon Go fait tomber des enfants du haut des falaises. Pokémon Go prévoit des bannissements « à perpétuité » pour les joueurs qui tricheraient en utilisant des applications de tierces parties. Pokémon Go permet à divers voleurs et malandrins d’appâter des joueurs là où ils ne peuvent se défendre, et de les dépouiller. Pokémon Go conduit des parents désœuvrés à abandonner leurs enfants. Pokémon Go instaure une nouvelle forme de relégation sociale, entre les zones riches en pokéstops, et celles qui en sont dépourvues. Pokémon Go a temporairement transformé Auschwitz ou S-21 en terrain de jeu. Pokémon Go pousse des joueurs à entrer par effraction dans des casernes et des prisons pour y capturer des Pokémon. Pokémon Go a traumatisé des milliers de joueurs ayant perdu leur compte ou leurs acquis dans le jeu. Pokémon Go inquiète la ministre de l’Education Nationale, qui souhaite interdire la présence de Pokémon légendaires dans l’enceinte des écoles sacrées de la République. Un pirate habile a réussi à faire bannir, pendant quelques heures, l’intégralité des joueurs belges de Pokémon Go.

Phénomène

Alors qu’aucun Pokémon légendaire n’avait encore été trouvé, un Artikodin est apparu dans un trou perdu de l’Ohio, capturé par un couple de rednecks aléatoires, déclenchant une tornade de réactions haineuses et scandalisées – baptisée « Articuno Freakshow » par les observateurs locaux. Il semblait totalement déplacé qu’un tel trésor apparaisse dans un endroit aussi inintéressant, et tombe entre les mains de joueurs aussi anodins. Assez vite, les accusations de mensonge à l’encontre du couple se sont transformées en une véritable psychose au sein de la communauté des joueurs de la région de Dayton, qui s’est totalement autodétruite à la suite de cette apparition malencontreuse. Et la journaliste relatant cet évènement incongru de conclure : « Tout ça pour un Articuno qui n’est peut-être même pas réel. Je prédis une hystérie de masse quand le vrai premier Pokémon légendaire apparaîtra. Quoi qu’il en soit, espérons que ces histoires de Pokémon légendaires ne déchirent pas aussi le reste du monde ».
Pokémon Go est un jeu vidéo – pas particulièrement original, par ailleurs. Mais, du petit délinquant au patron de PME, des autorités religieuses aux autorités politiques, du pédiatre au coach sportif, tout le monde a eu quelque chose à en dire, à en faire, à en tirer. Le jeu s’est intégré, dans le scandale et l’ébahissement, à beaucoup d’aspects de la vie civilisée. Le phénomène Pokémon Go dépasse amplement la simple expérience du jeu : un produit culturel s’est élevé au rang d’arène de la vie sociale, où se mesurent et se manifestent les forces de la civilisation. Prédation et addiction, concurrence et profanation, malveillance et bien-pensance, cynisme et ludopathie : ce monde s’exprime à merveille dans l’expérience de Pokémon Go. Maintenant, des joueurs proposent ironiquement de remplacer les conflits armés par des battles de Pokémon Go. D’autres réclament une mise à jour qui permettrait d’attraper des humains. La psychose et l’enthousiasme sont au rendez-vous. Il faut croire que la réalité était prête à être augmentée.

Paradoxe

Il y a quelque chose de déroutant dans Pokémon Go : le contraste entre l’extraordinaire maîtrise technique du monde que le jeu présuppose et manifeste, et sa futilité adolescente, son adorable dimension kawaii. Comme inventer une machine à voyager dans le temps pour se contenter de revivre son dernier anniversaire. Est-ce une manière de rendre moins glaçantes les perspectives ouvertes par une telle prouesse technologique ? Car elle est évidente, la dévastation du monde qu’une telle maîtrise requiert et entretient. Pour que Pikachu puisse vivre dans notre monde, il a fallu le numériser. Le baliser. Le désenchanter. Le découper en zones de rentabilité différenciées. Le ramener à des variables manipulables et programmables. Lui appliquer, des statistiques aux algorithmes, les outils efficaces de la rationalité. De telles opérations, et à une telle échelle, ne sont évidemment possible que dans un monde équarri, infiniment colonisé par l’économie. Et la futilité du jeu, son contenu folklorique, ne peuvent séduire ou fasciner qu’en raison d’un dépeuplement massif du monde. C’est parce qu’il n’y a plus rien à explorer, plus de mystère, plus d’animaux, plus d’horizon ouvert ou illimité de l’existence, que l’on peut se prendre de passion pour la chasse au Pokémon, qu’il y a un même un réel besoin de se prendre de passion pour la chasse au Pokémon. Comme le dit un ami : « C’est quand même marrant de mettre des Pokémon partout au moment où on réalise que les papillons disparaissent ». Chasse de collectionneur, dont il est assez facile de constater la nature accumulatrice et répétitive, tout à fait homogène à cette réalité basique à laquelle ces sympathiques créatures sont pourtant censées échapper. Chasse où le monde ressemble à une carte, et la carte, à un écran de smartphone. C’est une drôle de transaction : Pokémon Go réenchante le monde ; par la sophistication des moyens même de son désenchantement.

Réalité augmentée

C’est cette opération que l’on nomme « réalité augmentée ». Des lecteurs de lundimatin nous ont justement fait remarquer le caractère paradoxal de cette expression.

« Quand tu lisais un bouquin, quand tu jouais à GTA Vice city derrière ta télévision, tu oubliais le monde autour quelques heures durant, quelques jours pour les plus disposés. Mais Pokémon, comme tous les phénomènes générationnels, se concrétise, trouve une place dans le monde réel. Pour différentes raisons, les fictions à succès dépassent leur cadre : le spectateur devient acteur, ou du moins le croit-il. Finalement, le plus convaincant, ce n’est peut-être pas d’introduire des éléments de fiction dans la réalité (un balai magique sur un terrain de foot), mais des éléments de réalité dans la fiction (une vraie ville dans un smartphone). On se met alors à parler massivement de réalité augmentée. Pourtant, en aucun cas ce n’est la réalité qui y gagne, mais plutôt le virtuel qui s’en alimente, prend de la consistance. Quand tu marches dans la ville en jouant à Pokémon Go, tu ne vas plus capter telle aspérité dans le mur, tel regard échangé, telle odeur insolite, et finalement ton rapport aux choses s’appauvrit. L’application Pokémon dépasse le cadre de ton écran, le terrain de jeu devient la terre entière, avec pour seule limite la 4G. On pourrait alors parler de virtualité augmentée. »

La réalité augmentée ne nommerait alors qu’une forme d’approfondissement du monde virtuel, au détriment du monde réel. Mais l’opposition entre réel et virtuel est porteuse de confusion : la réalité aussi a ses virtualités. Le joueur de Pokémon Go, quelque « virtuel » (numérique) que soit son monde, extrait de la réalité sa version « augmentée », c’est-à-dire jouable, ludique – il en extrait des possibilités de jeu qui sont, elles, bien réelles. Ce qui augmente la réalité, ce n’est pas seulement la présence de nouveaux objets virtuels, mais l’ouverture de nouvelles possibilités tangibles de tracer certains chemins, de combattre d’autres joueurs, de contrôler arènes et territoires. En capturant des Pokémon, le joueur transfigure la morne matérialité du monde capitaliste, pour en faire un infini terrain de jeu. Pokémon Go contre l’économie, alors ? Pokémon Go libérateur ? Emancipateur ? Enchanteur ? Profanateur ?
Il est vrai que Pokémon Go a permis à de nombreux joueurs de s’affranchir joyeusement de certaines limites du monde contemporain : forcer la porte d’une prison ou déambuler smartphone à la main dans des lieux saints pour y trouver des Pokémon. Mais cette liberté implique d’écraser la multiplicité de lieux dont le monde est fait sur la grille du jeu, où chaque lieu ne vaut qu’en tant que terrain de jeu, que par rapport aux autres terrains de jeu, et à sa possible valorisation dans le monde de Pokémon Go. Elle implique donc de faire subir au monde un traitement au fond comparable à celui que l’économie lui fait subir, par la mise en équivalence de toutes choses avec toutes, par son indifférence à la différence.
Le souvenir de Sacha – le chasseur de Pokémon par excellence – aurait déjà dû nous mettre en garde contre le rapport au monde du trainer. Eternel enfant comateux, qui sublime son assistance médicale en fidèle Pikachu, il est à la fois absolument avide et absolument innocent. Il pille son monde imaginaire les yeux écarquillés, et suit inlassablement un impératif impersonnel – attrapez les tous –, à arpenter et accumuler sans s’arrêter une faune fantastique dont le seul destin est de se retourner contre elle-même en aidant Sacha … à attraper toujours plus de Pokémon. L’injonction est aussi simple qu’elle est impérieuse : « GO » - en majuscules. Catch them all. Sacha fournit ainsi à la subjectivité contemporaine une figure romantique, bien que glaçante. A vouloir l’imiter, le joueur de Pokémon Go ne libère pas le monde de l’économie sans mystères : il le capture à son tour, en capturant des Pokémon. Le paradoxe de Pokémon Go tient donc à une dialectique de la capture : à partir des infrastructures qui capturent quotidiennement ce monde, Niantic propose désormais à chacun de s’y promener, d’y capturer des Pokémon, libérant par-là la possibilité d’une capture bien plus profonde de la réalité elle-même. Et rien de mieux que la franchise Pokémon, avec son culte de l’accumulation et son succès planétaire, pour habiller cette opération.

Appareil de capture

Deleuze et Guattari n’avaient sans doute jamais joué à Pokémon Go quand ils théorisé la capture, dans le chapitre XIII de Mille Plateaux, pour rendre compte de la formation historique de l’Etat. Mais ce concept de capture est pourtant le seul qui permet de raccorder le contenu du jeu et son infrastructure, le folklore Pokémon et la machine tentaculaire d’augmentation de la réalité qu’est Pokémon Go. Selon Deleuze et Guattari, l’Etat comme forme générale et universelle du pouvoir, est la résultante de trois captures concomitantes : celle du territoire, celle de l’activité, et celle de l’échange. La capture des territoires (pensons aux enclosures) permet d’en extraire une rente, en les transformant en terres, en propriétés foncières. La capture de l’activité (pensons au salariat) permet d’en extraire une plus-value (un profit, un surtravail), en la transformant en travail, de créer des entreprises. La capture de l’échange (pensons à la marchandise) permet d’en extraire un impôt, en le transformant en échange monétaire. Ces trois appareils de capture, organisés et synchronisés, définissent le champ historique de l’Etat moderne.
Mais qu’en est-il de la capture à proprement parler, indépendamment de ce sur quoi elle s’exerce ? Deleuze et Guattari la ramènent à deux opérations : « L’appareil de capture constitue un espace général de comparaison, et un centre mobile d’appropriation. […] Un point de résonance circule dans un espace de comparaison, et trace cet espace en circulant ». Dans le cas de l’activité, par exemple, l’espace général de comparaison est celui du marché du travail, de la mise en équivalence de toutes les activités en les ramenant à l’exercice formel d’une force de travail ; et le centre mobile d’appropriation est le capitaliste capable d’extraire la plus-value, c’est-à-dire d’y découper un « surtravail » qu’il convertit en capital. Voilà en substance la physionomie du monde capturé : le désert de l’universelle comparaison, arpenté par un triste chameau assoiffé de monopole.

Observons ce qu’il en est dans Pokémon Go. D’abord, l’espace général de comparaison. De la même manière que la valeur d’échange met tous les objets en équivalence (ils deviennent alors des marchandises, essentiellement comparables entre elles), Pokémon Go met tous les lieux en équivalence en les plaçant dans la grille du jeu, sous sa couverture indifférente. Son espace de comparaison est le monde, en tant qu’on peut l’arpenter, le visiter. Il met en équivalence seulement des objets ou des actions, mais l’espace lui-même et sa multiplicité de lieux. Ce qui permet toutes les profanations, des sanctuaires aux camps de concentration, des casernes aux écoles, des musées aux prisons. Pokémon Go fournit à l’espace uniforme et homogène du réseau une nouvelle configuration : celle tracée par les déplacements du « trainer » de Pokémon, qui se branche sur les flux marchands, touristiques ou naturels, et les réinterprète à partir de leur potentiel de capture de Pokémon. On peut se dire qu’il n’y a qu’à partir de l’économie, ou de la marchandise, ou du capital, que l’on peut constituer un point de vue sur le monde qui permet de considérer avec un œil égal, in-différent, les multiples lieux, les multiples mondes. Mais le point de vue du joueur de Pokémon Go le permet aussi. S’il n’est pas le même que celui de la marchandise, il en est en quelque sorte son analogue fun. Pourquoi ?
Etudions donc le « centre mobile d’appropriation » : le trainer.

Armé de son smartphone (objet économique et quotidien par excellence, antérieur à l’expérience du jeu), le joueur extrait, accumule puis capitalise des possibilités de jeu à partir de sa réalité quotidienne. Il fabrique du sens à partir de ce qu’il fait déjà, recode son existence ou la traduit dans un autre langage dans lequel celle-ci peut devenir productive à chaque instant, productive d’imagination, de fantasme ou d’enthousiasme. Voilà en quoi Pokémon Go constitue lui aussi un appareil de capture, et des plus radicaux : l’espace de comparaison est le monde lui-même ; et le centre mobile d’appropriation, l’existence même du joueur, dans sa configuration singulière, ses habitudes, ses amis, son smartphone, etc. Il y a au fond le même rapport entre la réalité augmentée et la réalité (c’est-à-dire, la réalité de notre monde) qu’entre le surtravail et le travail. On extrait la plus-value (ici ludique, imaginaire ou symbolique) de ce qui existe par les mêmes moyens que l’on produit ce qui existe (l’infrastructure du monde). Les aires d’autoroutes deviennent des arènes, les MacDo des pokéstops, la banlieue quelconque devient l’ultime terrain de jeu. Pokémon Go institue une nouvelle manière de valoriser le monde : voilà, dans le fond, l’objectif de toute capture. Si le jeu est free-to-play, c’est justement parce qu’il ne s’agit pas fondamentalement d’extraire une plus-value économique de la vie imaginaire ou imaginative des joueurs, mais d’extraire une plus-value imaginaire ou imaginative de la vie économique des joueurs, de leurs trajets quotidiens pour aller bosser, des lieux qu’ils visitent quand ils font du tourisme, des magasins où ils vont faire leurs courses, etc.

Certes, on peut s’attendre à ce que des magasins C&A collaborent avec Niantic pour fournir aux joueurs des vrais tenues de trainer ou que Burger King propose des chasses aux Pokémons dans ses restaurants. Mais l’éventuelle valorisation monétaire de Pokémon dans le futur restera marginale, car c’est la valorisation ludique ou imaginative du monde lui-même que recherche Pokémon Go.

Glose

On voit dans ce dédoublement ludique de la capture que si Pokémon Go augmente la réalité, il ne la libère pas pour autant de l’économie et du calcul. C’est le deuxième enseignement de Deleuze et Guattari : « Le mécanisme de capture fait déjà partie de la constitution de l’ensemble sur lequel la capture s’effectue ». La capture contribue à créer ce sur quoi elle s’exerce. La réalité est entretenue, produite et reproduite par sa capture. Par analogie, l’exploitation capitaliste ne crée pas seulement de la plus-value en extrayant le surtravail du travail. Elle crée ensemble le travail et le surtravail, dans leur relation perverse, là où il n’y avait avant que des activités irréductibles les unes aux autres. Le surtravail n’existe pas sans le travail, c’est évident ; mais le travail n’existe pas non plus en dehors du surtravail qui le parasite. De même, Pokémon Go ne crée pas seulement la réalité augmentée, mais prospère sur le désenchantement du monde. Il fournit à chacun la possibilité d’un pantomime de capture, d’autant plus intéressante que la texture de ce monde n’est faite que de capture.

Voilà donc pourquoi Pokémon Go fascine. Parce qu’il donne une forme émouvante aux opérations les plus puissantes et les plus banales de la civilisation économique. Parce qu’il fait fond sur les mêmes affects indifférents et monopolistiques, mais les convertit ou les retourne en quête véritable de sens et de puissance. Il est comme une glose planétaire de l’économie mondiale sur elle-même. Un commentaire du discours et des logiques profondes de l’économie. Une sorte de version jouable, domestique et individualisée du Capital de Karl Marx.

Vulture se repaît des lambeaux de la culture de masse contemporaine.
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