En vrac sur le fond
J'ai pas envie de développer, vous savez sans doute déjà tout ça :
- le chiffrement est nécessaire, pour avoir un tout petit peu de vie privée, c'est un pilier des démocraties occidentales, c'est une caractéristique des régimes totalitaires que de nier aux gens le droit d'avoir une correspondance privée ;
- le chiffrement qui ne soit pas de bout en bout ne sert à rien, sauf à faire un peu de décoration (l'espionnage a lieu sur les serveurs, si ce n'est pas chiffré de bout en bout, alors c'est en clair sur les serveurs) ;
- interdire le chiffrement ne gênera pas les terroristes qui voudront s'en servir (ils font terrorisme comme crime, l'amende pour utilisation d'une application interdite, ils s'en branlent) ;
- ça donnera à quiconque sait installer une application de chiffrement de bout en bout un très haut taux de reconnaissance sociale dans les milieux qui rejettent la société actuelle, un peu comme le premier passage par la prison est valorisé chez les délinquants, dans l'idée ;
- la supposée interdiction sera donc simplement un accord avec les entreprises qui développent les applications les plus connues pour que ces applications stockent des copies accessibles aux policiers, du coup tous les espions du monde pourront tranquillement faire de l'espionnage économique[1].
Il est incompétent
Les termes utilisés par les commentateurs vont de illettrisme numérique
à ignorance crasse
, parfois avec des variantes plus fleuries. Tous se trompent sur cet aspect-là.
S'il est bien entendu probable que M. Cazeneuve soit assez ignorant de quoi que ce soit touchant aux techniques numériques, au chiffrement, à la programmation, au réseau, ou aux outils de communication moderne, il est ministre. Et pas sur un petit ministère. Il est à la tête d'un ministère, qui compte plusieurs grandes directions. Toute cette administration regorge de gens compétents. Oh, pas tous, il doit bien y avoir deux ou trois médiocres ici ou là. Mais il a des gens très brillants dans le lot. Du polytechnicien, de l'énarque, les gens brillants ne manquent pas dans la haute fonction publique.
Certaines de ces administrations, côté ministère de l'intérieur, ou côté ministère de la défense, sont spécialisées dans les questions de sécurité informatique (on dit cyber-défense digitale de nos jours, mais qu'importe). Là aussi, on trouve des gens brillants, et qui en plus sont spécialisés sur le sujet. D'ailleurs ils se sont exprimés. L'agence nationale de sécurité des systèmes d'information (ANSSI) a dit, par écrit, dans une note publiée, que c'était une ânerie de vouloir affaiblir le chiffrement, et que ça allait affaiblir la sécurité au lieu de la renforcer.
Ne croyez donc pas qu'ils soient incompétents. C'est faux. Ils sont compétents. Ils sont entourés de gens brillants. Ils ont été avertis, par les bonnes personnes, qu'il ne fallait pas faire ça. Et ils le font quand-même.
Toute analyse qui s'appuie sur l'idée que nos ministres sont idiots est invalide. Toute analyse qui s'appuie sur le fait qu'ils soient incompétents, ou mal informés, cherche à leur trouver une excuse qui n'est pas la bonne.
Mais alors...
Alors l'analyse est plus compliquée à poser. Je ne vais aborder ici que quelques pistes, parce que ce n'est pas tellement mon sujet.
Le premier angle est de considérer qu'ils sont "fous". C'est un peu délicat à détecter, parce qu'ils ne portent pas un entonnoir sur la tête. Mais le comportement de nos ministres, leurs déclarations, la rédaction de tout un tas de textes officiels (décrets, lois, arrêtés, etc), la logique sous-jacente. Tout ça ressemble beaucoup à un comportement de personnalité paranoïaque. C'est une première piste d'interprétation. Saturés qu'ils sont d'informations alarmantes, mises en contexte par des hauts fonctionnaires de police qui ont des envies totalitaires, nos dirigeants sont en train de devenir fous. Pas fous avec un entonnoir comme la caricature dans les bandes dessinées. Mais simplement ce qu'on appelle paranoïaque dans le langage commun[2].
Incroyable ? Pas tellement. Nos dirigeants vivent dans une bulle. Depuis très longtemps, comme politiciens de métier, ils sont assez isolés du monde commun. Une fois ministres, ils sont complètement coupés de toute forme de réalité. Souvenez-vous, Balladur, en pleine campagne présidentielle, à 60 ans passés, qui découvrait que dans le métro il fait chaud. S'il avait mis le nez dehors, il aurait pu découvrir que l'eau ça mouille, aussi. Nos dirigeants sont coupés de tout, et sont alimentés en continu d'informations anxiogènes par des hauts fonctionnaires des services de police, parfois (souvent ?) avec des visées sécuritaires ou totalitaires, typiquement Alain Bauer et ses semblables. Ça peut suffire à perdre les pédales.
Le second angle est de considérer qu'ils ont peur. Oh, pas peur de mourir dans un attentat, ils ne sont pas visés. Abattre un chef d'État ou un ministre, ce n'est pas du terrorisme, c'est de la politique, nationale ou internationale, à l'ancienne (songez à Kennedy dans les années 60). Non. Ils ont peur qu'on leur reproche leur inaction. Ils ont peur qu'il y ait encore des attentats, et qu'on dise que c'est de leur faute. Alors il faut bien faire quelque chose. Inutile, dangereux, totalitaire, n'importe quoi, mais quelque chose. Avec ce raisonnement-là, que beaucoup de politiciens tiennent, ils devraient tenter la danse de la pluie, ou le sacrifice rituel[3].
Le troisième angle est électoraliste. L'électorat est essentiellement âgé. La majorité des votants a plus de 55 ans en France[4]. Cet électorat, traditionnellement acquis à la droite, ne comprend pas grand chose au numérique et à Internet. Que la télévision raconte que les terroristes communiquent avec des applis de téléphone portable cryptées[5], et les gens ont peur. Ils savent à peine ce qu'est une application. Ils ne perçoivent même pas qu'une appli de communication, ils en utilisent, pour envoyer des SMS. Ils ne perçoivent pas que le fait de chiffrer les communications est normal. Et nos dirigeants essayent de caresser ce bout d'électorat qui a peur dans le sens du poil, avec comme objectif premier que la télé en parle.
Brandir le tout sécuritaire, agiter les peurs et les haines, c'est une stratégie pour récolter les votes des gens qui ont peur. Et les vieux sont des gens qui ont peur, qui diffusent de la peur. Du monde moderne (donc on dit du mal d'Internet), des jeunes (donc on dit du mal des téléphones et de Pokémon Go[6]), de tout ce qui bouge plus vite qu'un chat empaillé.
Enfin, il reste l'angle d'analyse le plus raisonnable. Nos dirigeants veulent surveiller le peuple pour s'assurer de rester au pouvoir quoiqu'il advienne. Oh, pas forcément eux individuellement, mais leur caste. Eux, leurs camarades de promos, leurs semblables. Et pour faire passer la surveillance généralisée de la population, le plus efficace est d'agiter la peur des terroristes. Ensuite, il suffira de qualifier de terroriste tous les gens qui s'opposent à leur caste. Par exemple ceux qui embêtent le monde sur les histoires d'aéroports, alors que quand même, le patron de la boîte de BTP qui construit, c'est un pote.
Je vous laisse choisir l'analyse qui vous plaît le mieux, aucune ne prétend être exacte ou complète. Mais celles qui supposent leur incompétence sont fausses.
Notes
[1] Du coup, nos supers espions à nous pourront espionner toutes les boîtes du monde, et c'est trop la classe. Certain que les russes, les chinois ou les américains seront trop nigauds pour espionner nos entreprises à nous.
[2] Et, non, je ne pratiquerai pas l'exercice illégal de la médecine en posant sérieusement un diagnostic. Le fait d'avoir un comportement irrationnel, piloté par la peur, et par une peur hors de proportion, ça suffit à critiquer une mesure, pas à poser un diagnostic sérieux sur un individu. Par ailleurs la grande majorité des gens qui souffrent de problèmes psy ne sont pas "fous" au sens commun du terme, et sont tout à fait capables de dominer leurs peurs pour prendre des décisions rationnelles.
[3] On pourra utilement remplacer la jeune fille vierge, utilisée traditionnellement, par un Pokémon récemment capturé. Ça aura la même force symbolique, pour les Dieux, mais ça évite de faire du mal à des gens qui n'y sont pour rien.
[4] Je n'ai pas envie de me lancer en longueur sur ce sujet, mais les sociétés dont la population est jeune sont plus confiantes, et ont plus envies de changer le monde, que celles dont la population est âgée. J'avais lu une étude très intéressante par exemple sur le fait que les révolutions ont lieu dans des sociétés jeunes, avec une pyramide démographique très particulière, typiquement quand la majorité de la population à moins de 20 ans. Le fait de vivre dans un pays de vieux, ça ne dit pas que chaque individu devient facho quand il est atteint d'une maladie magique qu'on attrape à 60 ans et 12 jours. Non. Ça fait qu'on vit dans un pays qui a des préoccupations de vieux, des angoisses de vieux. Même quand on est jeune. Ça change la façon dont notre société se perçoit, et se vit.
[5] Oui, la télé, elle dit cryptée, parce que ça fout la trouille. Y'a une crypte. Un vampire. Des méchants. Une sorcière. Enfin un truc grave, vu que y'a une crypte.
[6] Oui, je met un machin de BFM en lien. J'ai honte, un peu, quand même.
37 réactions
1 De mac_call - 12/08/2016, 13:59
J'avais pensé aussi à une forme de dédouanement possible, de tentative d'échapper à ses responsabilité.
- "Je demande à ce qu'on fasse quelque chose à l'international "
- "Regardez personne n'a rien fait, c'est pas ma faute quand même, j'avais demandé poliment"
On voit beaucoup ça avec le fréquent "c'est à cause de l'europe".
Et puis on sait jamais, sur un (mal)entendu, ça peut passer. Parce que contrairement à il y a quelques années, on a maintenant des politiques qui militent ouvertement contre l'état de droit. C'est assez flippant.
2 De naibed - 12/08/2016, 14:04
Belle analyse , quelqu'un qui réfléchit avec justesse ...
3 De tompouce - 12/08/2016, 14:11
Merci Benjamin,
encore un très bon billet.
Mais, question rhétorique, "instrumentaliser et jouer sur la terreur des électeurs dans un objectif politique" on a pas déjà inventé un mot plus pratique pour dire ça ?
4 De Fab- - 12/08/2016, 14:24
Si : « faire campagne ».
5 De Dodot - 12/08/2016, 14:31
"Nos dirigeants veulent surveiller le peuple pour s'assurer de rester au pouvoir quoiqu'il advienne. Oh, pas forcément eux individuellement, mais leur caste. Eux, leurs camarades de promos, leurs semblables."
Oui mais ce n'est pas de la malice, c'est ce qu'ils ont appris : la république, les institutions, le maintien de l'ordre, l'état, c'est sacré. Et ça vaut tous les sacrifices, dont celui de la liberté.
Selon eux la démocratie c'est acceptable, mais ça doit servir les intérêts de la république. Ce n'est pas Manuel Valls qui me contredira.
6 De Elessar - 12/08/2016, 14:55
Merci Benjamin pour ces pistes très pertinente.
Je me permets d'ajouter quelques réflexions de mon cru, qu'il faudra sans doute que je trie et que je publie sur mon propre blog.
Le chiffrement, si ce n'est pas de bout en bout, c'est effectivement du flan. Enfin, c'est mieux que rien du tout, puisque ça empêche tout de même certaines interceptions — par écoute simple sur un des liens entre client et serveur — mais c'est insuffisant, en particulier contre l'espionnage d'État. Mais le chiffrement de bout en bout n'est une mesure sérieuse que s'il fournit un moyen de vérifier la correspondance entre clef et correspondant. Ou, pour le dire autrement, s'il a une part de prise de tête. Sans cela, c'est encore du flan, parce que ça garantit seulement qu'on fait du chiffrement de bout en bout avec… quelqu'un de non identifié, possiblement un homme du milieu.
Bref, quand quelqu'un vous dit qu'il utilise telle application géniale, qui permet de faire du chiffrement de bout en bout, s'il ajoute que c'est sans prise de tête, déjà, c'est louche : demandez-lui comment il a vérifié la clef de son correspondant. S'il ne peut pas répondre, ou s'il répond qu'il n'a pas eu à le faire parce que c'est automatique, vous pouvez lui expliquer que son chiffrement de bout en bout, c'est du bidon : soit il y a un intermédiaire qui a fait la vérification à sa place (intermédiaire qui peut être attaqué ou corrompu pour permettre une interception), soit pire encore, ça ne vérifie rien du tout.
7 De dust.... - 12/08/2016, 14:56
belle analyse et je souscris à la dernière option . les politiques savent très bien ce qu'ils font et comment nous soumettre en nous rançonnant (en ce qui me concerne je m'en tape, je parasite leur système sans rien leur donner : )
8 De 4rthur - 12/08/2016, 15:09
Analyse très interessante! Pour ma part je propose qu'on encrypte le ministre.
9 De jcfrog - 12/08/2016, 15:39
bonjour,
globalement très en accord sur la liste des angles.
Une réserve sur leur incompétence, sauf qu'elle n'est pas technique mais politique. N'est ce pas justement le problème. Ne manquent-ils pas de la carrure politique nécessaire pour encaisser tout ce dont ils prétendent pouvoir assumer les responsabilités. Depuis quelques décennies il me semble qu'on a des comptables qui se retrouvent dans des situations qui les dépassent.
En réponse : Bien qu'étant plutôt d'accord avec toi, je n'aime pas cet angle-là, et il me pose de très gros problèmes. Je suis plutôt d'accord sur la médiocrité de nos dirigeants, sur leur petitesse. Je parle en général de ça en parlant d'absence d'ambition, de vision, de compréhension du monde et des enjeux (je n'aime pas dire du mal des comptables, j'en connais un particulièrement adorable, et pas bête du tout). Mais cette analyse suppose qu'il faut un grand-homme, une espèce de machin charismatique, bienveillant, solide. Une sorte de sauveur, qui viendra nous délivrer de nos petits vices. Je n'aime pas cette figure-là.
Sur ce manque de vision et d'ambition, une des grilles de lecture est en lien avec l'éducation. Le système apprend à obéir. Et on prend les meilleurs, donc les plus obéissants. On ne risque pas d'avoir du dirigeant avec des convictions solides. De même que le mode d'élection fait que les plus arrivistes, les plus orgueilleux, les plus égocentriques, ont plus de chances d'arriver en tête de la course. Ceux qui ont des scrupules à dire ou faire n'importe quoi, ou à marcher sur la tête du voisin par "réussir" sont moqués, raillés, et écartés. Pour moi, c'est un facteur de ce qui ressemble à de la folie, et de ce manque d'ambition.
10 De Phracktale - 12/08/2016, 16:04
Pas incompétent... Même morano?
11 De mollo - 12/08/2016, 16:22
Merci Edgard :)
Tu as tout à fait raison sur les classes d'ages. Ils ont plus que parfaitement très bien compris que la participation aux élections présidentielles est de plus de 75% chez les >60ans et l'abstention frise les 75% chez les - de 25 ans dans des scrutins locaux.
Donc les Aliens de Laurent Chemla sont déjà là, et ils sont arrivés dans les années 50 :)
12 De uae - 12/08/2016, 16:56
« Enfin, il reste l'angle d'analyse le plus raisonnable. Nos dirigeants veulent surveiller le peuple pour s'assurer de rester au pouvoir quoiqu'il advienne. »
Oui l'analyse la plus raisonnable est que les politiciens reptiliens nous surveillent.
13 De valtena - 12/08/2016, 17:12
En fait, il manque un truc dans ton analyse. Elle est juste en elle-même mais tu ne définis pas "incompétents". Car être incompétent pour un poste, ne veut pas dire ne pas avoir de compétence. Il n'ont juste pas les bonnes.
Je pense que oui, ils ne sont pas bêtes. Oui, ils ont les compétences pour rester au pouvoir. Mais non, ils n'ont pas certaines des compétences clef pour diriger un pays : savoir trouver l'info (ils prennent pour argent comptant des affirmations de groupes n'ayant pas intérêt à prendre des décisions pour le peuple) et s'entourer des bonnes personnes (c'est pas grave si le ministre n'est pas une bête dans le domaine y, tant qu'il sait où trouvé des experts du domaine Y).
Pourtant, dans pas mal de domaine, les facs regorgent de personnels qui sont des têtes dans leur domaine. Qui plus est, ils sont déjà payé par l'état et ont tout intérêt à ce que la France fonctionne bien pour garder leurs postes.
Enfin bref, tout ça pour dire que incompétent ne veux pas dire "idiot" et que ton article est un bon support pour le rappeler.
14 De Chatterley - 12/08/2016, 19:37
Dites les petits jeunes... il ne faudrait pas mettre tous les vieux dans le même sac... Il y en a qui sont restés sur ce qu'ils ont défendus en 68... Je suis une vieille, et j'ai co-créé Ouvaton, j'avais un site sur "La Baguette", j'ai utlisé le BBS,j'ai utilisé un serveur apple 2e avec le langage Logo avec des enfants dans un lieu alternatif que j'avais co-créé... j'ai monté un projet pour expérimenter les "Arbres de Connaissances", etc... Je suis d'une gauche qui n'est pas représentée... Je suis pour que nous reprenions la main... et je suis pour le chiffrement, la protection des données, le droit à la vie privée hors et sur la Toile.... et en général j'apprécie les positions de Benjamin :-)) (petit coucou à toi.
15 De Kay - 12/08/2016, 19:38
Merci pour cette analyse ;
Est-ce que tu aurais la référence de la note de l'ANSSI dont tu parles sur le chiffrement ? Merci d'avance !
En réponse : Elle est parue dans la presse il y a quelques jours, tu la retrouvera facilement en cherchant un peu. Tiens, comme je suis gentil, j'ai demande "ANSSI chiffrement" à Google News, et il m'a proposé cet article de Next Inpact en premier résultat.
16 De Sabcat - 12/08/2016, 20:05
Merci à Coluche pour cette analyse.
17 De tompouce - 12/08/2016, 20:36
Pour De Kay (commentaire n°15)
L'article de Libération :
http://www.liberation.fr/france/201...
La note de l'ANSSI :
https://fr.scribd.com/document/3199...
18 De roupettes de lapins - 12/08/2016, 22:02
Ce commentaire ne contenant rien d'autre que quelques imprécations maladroites et inutiles, je l'ai censuré. Voilà. Parce que.
[censuré]
19 De Anonymous blog - 13/08/2016, 00:20
Au fil de l'actualité - Page 13
(…)
20 De ssm - 13/08/2016, 03:19
J'opterais pour un melange de la plupart des idées en imaginant bien une discussion dans le bureau du ministre avec le représentant des policiers, celui de l' informatique, celui du parti, celui des marchands et un haut fonctionnaire :
Le ministre : bon, les mecs, une nana s'est faite choper sur une messagerie cryptée, on se prend la honte, je sais plus quoi faire, on a perquisitionné plein de monde et ca n'a rien donné donc il me faut de nouvelles cartes car j'ai des comptes à rendre a manu et aux electeurs alors on fait quoi ?
L'informatique : on dit chiffrée non pas cryptée
Le parti : arrête robert tu nous saoules. Il faut interdire le crypt... chiffrement, c'est tout. Le public voit bien que c'est internet le problème
La police : nous écoutons plein de communications non chiffrées depuis des années et nos logiciels ont été incapables de nous avertir avant que certains suspects déjà sur écoute passent à l'acte.
Le marchand : nous avons de nouvelles solutions logicielles de suivi de la population qui sont tres performantes pouvant etre couplées à vos sondes déjà en place (à condition que nous etendions notre partenariat afin d'améliorer leur efficacité)
La police : si on a chopée la nana c'est parce qu'on s'est infiltrés dans la messagerie et pas en l'écoutant puisque les coms sont chiffrées, nous avons plutôt besoin de plus d'effectifs
Le haut fonctionnaire : tu sais très bien roger qu'on doit baisser les budgets alors tes effectifs...
Le marchand : augmenter les effectifs couterait 10 alors que notre solution logicielle ne couterait que 5
Le ministre : robert, techniquement c'est possible de se passer du chiffrement ?
L'informatique : oui mais ca n'empêcherait pas le probleme car vous aurez beau couter tout le monde, il y a actuellement aucun logicel capable de localiser des suspects
Le marchand : écoutez robert, nous sommes parmi les leaders mondiaux de l'informatique et intelligence artificielle et la plupart des ordinateurs des gouvernement à travers la planete utilisent nos logiciels alors ce n'est pas vous qui allez nous dire comment ca fonctionne
Le ministre : et ça couterait combien d'interdire le chiffrement ?
L'informatique : techniquement, rien
Le marchand : vous ne pouvez pas interdire à nos entreprises d'avoir des communications privées sinon on va se faire pirater et ça va faciliter l'espionnage industriel donc ça nous coûterait cher
Le ministre : et si on interdit le chiffrement pour le public et l'autorise pour les entreprises ? c'est possible techniquement ?
L'informatique : oui mais ca n'empecherait pas le probleme car c'est contournable
Le parti : robert, je peux vous tutoyer ?
L'informatique : oui
Le parti : ta gueule
Le parti : quoi qu'il en soit, on peut relancer l'idee (pour la 3e fois je crois) même si on le fait pas de suite, ca rassurera madame michu et dans 2 semaines la nouvelle grille télé va arriver alors elle aura oublié d'ici là et nous on marquera des points
Le ministre : ouais mais si en septembre le sujet ressort suite à une nouvelle interpellation ?
Le haut fonctionnaire : ben on a qu'à lancer l'idée à l'international ce qui prendra des plombes et nous fera voyager (j'ai eu hermuth au telephone et il serait partant pour un colloque sur la question du chiffrement cet hiver a tahiti) et quand on nous relancera on dira que c'est hermuth qui freine le truc et lui de son cote pourra dire que c'est nous qui le freinons, comme ça on est couverts (perso je m'en fous car meme si vous dégagez l'année prochaine, je pourrai continuer a y aller)
Le ministre : ok on va faire ça alors. appellons les medias et mettons la machine en route.
21 De Naxos - 13/08/2016, 11:59
Très bonne synthèse que je vais de ce pas partager sur les réseaux sociaux.
Petite précision sur les services compétents de l'Etat, l'ANSSI dépend des services du Premier Ministre (qui est un "ministère" à vocation interministériel) et non du ministère de la Défense (mais l'était avant), ce positionnement lui donne plus de "pouvoir". L'ANSSI fait partie du secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale. L'agence est souvent challengé par les services cyber du ministère de la Défense pour tester la robustesse de leurs systèmes (et réciproquement).
22 De Emmanuel Lécharny - 13/08/2016, 12:55
Bonjour,
un billet intéressant. Cela dit, il faut aussi expliquer que suprimer le chiffrement, c'est mettre fin à toute transaction électronique : qui va accepter de transferer des fonds via un système non protégé ? Aujourd'hui, la totalité des entreprise, et quasi tous les particuliers, ont recours à un système chiffré pour payer ses achats (et je ne parle pas que d'internet... ).
Concernant la 'compétence' des ministres, je ne partage pas votre point de vue. Avoir fait polythechnique n'est pas un gage de compétence, c'est un gage de capacité. Je suis informaticien, bac +5, et pourtant mes compétences en terme de médecine générale - sans parler de médecine spécialisée ! - sont *très* limitées. Les cabinets miniustériels, où sont discutés les propositions du gouvernement, sont truffés d'énarques et de conseillers politiques, qui ont plus souvent le nez sur les sondages que dans le livre de Rescola. Leurs compétences relèvent de la politique, pas de la technique. Au final, ces gens là font appel aux spécialistes pour avoir un avis (oui, un avis, rien de plus), qui sera pris en compte, ou pas. La preuve : l'ANSI s'est exprimé, le ministre s'est proprement torché de cet avis.
Bernard Cazeneuve a fait Science-Po Bordeaux. Cela n'a rien de glorieux, généralement on en sort journaliste, mais en ce qui le concerne, son père étant déjà membre de la clique Socialiste (il aurait pû être membre d'une autre clique, c'est pareil), il a pris la suite. Ce qui le qualifie le mieux, au final, c'est sa fiche Wikipédia : "Homme d'appareil". Tout est dit. Compétence ? "Homme d'appareil".
Est-il fou ? Très certainement. Pour vouloir frayer avec ce milieu de psychopathe, égomaniaques, narcissiques, il faut l'être. Dans le cadre du DSM (https://fr.wikipedia.org/wiki/Manue...), il rentre parfaitement dans le cadre de l'Axe II, catégorie 16 (Trouble de la personnalité narcissique ou histrionique, et sans doute d'un Trouble de la personalité obsessionnelle compulsive. Comme la plupart des hommes et femmes politiques, d'ailleurs).
En réponse : J'ai écrit ce texte assez vite, comme un billet d'humeur. Or il circule beaucoup. Trop, par rapport à sa qualité. Ça me désole. En particulier, quand je parle de nos dirigeants en disant qu'ils sont fous, je pense avoir une expression assez claire, mais je vais amender mon texte pour clarifier. Ils ont à mon sens quelques comportements qui relèvent d'une forme de délire. Ça ne veut pas dire qu'ils seraient diagnostiqués par un psy comme étant atteint d'une pathologie particulière, même si c'est possible. Ce à quoi je fais référence, c'est une notion plus floue, non pathologisante, la perte de contact avec la réalité, le folie des grandeurs, appelons ça comme on veut. Je n'aime pas qu'on rattache le terme "fou" à une pathologie d'ordre psy. Parce que c'est un terme souvent injurieux, ou moqueur. Les gens que je connais qui ont des problèmes psy ne sont pas fous, par dans le sens commun de fou. Ils ne se prennent pas pour Napoléon, et sont tout à fait capables de prendre des décisions raisonnables, autant que la moyenne des gens.
Bref, vouloir rattacher les sottises de nos politiques à un descriptif du DSM, c'est vouloir usurper un titre qui n'est pas le mien, celui de psychiatre ou de psychothérapeute. Je ne veux pas prendre ce chemin-là. Je ne suis pas bien fan du fait que ça se fasse dans les commentaires.
Cela ne remet pas en cause l'hopthèse formulée à la fin :-) Oui, ils vivent en bande, oui, ils asservissent le peuple pour assurer leur existence. Un asservissement que nous acceptons, malheureusement, à chaque fois que nous allons voter.
23 De Guy_M - 13/08/2016, 13:31
Bonjour
@ssm commentaire 20
Il manque le communicant et ses sondages dans cette histoire.
24 De Noëlle Joly - 13/08/2016, 14:09
Croire que les polytechniciens et les enarques sont brillants ... excusez-moi je pars m'etouffer...
En réponse : En effet, la démonstration est imparable. Et à part ça, un argument ?
Dans un commentaire précédent, on me signale que ce type de diplôme prouve une capacité (à apprendre, à réfléchir, etc) plus que la connaissance d'un dossier. J'explique par ailleurs que ces énarques et polytechniciens, qui ont donc une capacité certaine, ont dans leurs services des gens compétents sur les dossiers. Et je montre par l'exemple que tout ça fait circuler des notes précises, claires, argumentées, sur le sujet qui nous intéresse ici. Je ne me rangerait donc pas à votre brillante démonstration.
25 De Aimedeji - 13/08/2016, 17:03
Hello,
Toutes les hypothèses de l’article sont plausibles, mais aucune n’invalide la thèse de l’incompétence àma, bien au contraire.
Le cœur de ton article repose apparemment sur ce passage : « Ils sont compétents. Ils sont entourés de gens brillants. » Mais où est le lien de causalité entre ces deux affirmations ?
Pour reprendre tes hypothèses : 1) ne pas savoir faire le tri parmi la foule d’informations, 2) prendre des décisions fondées sur la peur, 3) jouer sur l’ignorance de son électorat ou 4) chercher à tout prix à rester au pouvoir… sont de très mauvaises justifications pour une décision politique de ce niveau, car elles ont toutes en commun d’être court-termistes, alors que le ministre nous répète, probablement à raison, que cette « guerre » va durer.
Bien sûr que le ministre est entouré de gens compétents ; c’est précisément ce qui prouve que sa décision à contre-courant de leurs recommandations est une marque d’incompétence.
Cette décision peut aussi être une marque de mauvaise foi, puisque rien ne prouve que l’incompétence et la mauvaise foi soient deux traits de caractères exclusifs l’un de l’autre.
26 De Grumly - 13/08/2016, 19:34
Hello,
Je ne partage pas ton optimisme :-)
Que les gens aux commandes ne soient pas compétent en informatique, personne n'en doute. Qu'il y ait des compétences dans les services/administrations, j'en doute très très très très très fortement. Nous en avons des exemples assez souvent, le dernier en date avec le super logiciel d'alerte attentats, c'est un cas d'école de mauvaise gestion (technique/projet).
Mon point c'est qu'il ne peut y avoir de gens compétents dans les organes de l'état tout simplement parce qu'il n'y a pas d'argent pour ces sujets. Pas d'argent = pas de moyens techniques ni de compétences humaines affirmées. Pourquoi s'emmerder alors qu'on peut tout sous-traiter ou qu'on peut s'en passer. Un exemple ? Il n'y a plus de renseignement digne de ce nom depuis plusieurs années et encore moins de renseignement sur le net (embauche en urgence de quelques dizaines de profils technophile l'année dernière de mémoire).
Et je ne pense pas que cela devienne une priorité pour nos chers décideurs vu qu'ils ne se servent déjà pas de leurs téléphones cryptés. Au passage, il faudrait leur interdire Twiter, ce serait déjà un bon début :-P
27 De Phil - 13/08/2016, 23:11
Le début de l'article était très intéressant, rappelant que nos dirigeants ont les moyens de bien s'entourer, ne s'en prive pas et que leurs propos ne sont pas forcément dus à de l'incompétence. Ça changeait des bêtises que l'on peut lire sur le sujet habituellement. On pouvait donc s'attendre à une analyse faite de finesse et d'esprit.
Puis, sorti de nulle part, cette phrase d'une bêtise crasse parlant des plus de 55 ans qui montre que l'auteur est bien loin de maîtriser son sujet :
"Cet électorat, traditionnellement acquis à la droite, ne comprend pas grand-chose au numérique et à Internet."
Les personnes qui ont aujourd'hui entre 55 et 65 ans avaient entre 20 et 30 ans lorsque sont arrivés les premiers PC grand public et 10 ans plus tard Internet. Ces générations qui ont été les premières à s'approprier ce monde en savent souvent bien plus sur le sujet que le jeunisme habituel veut bien le laisser croire.
En réponse : Il y a là une erreur de raisonnement à mon sens. Oui, les gens qui ont été là au tout début des réseaux, de l'informatique personnelle, ont entre 55 et 65 ans aujourd'hui. Je les connais. Ce sont les mentors de quand j'étais jeune. Mais voilà, ils ne sont pas une classe d'âge. Ils sont une pincée d'individus. La classe d'âge des 55-65 ans est globalement passée au numérique, oui. C'est la génération d'avant qui n'y passera jamais vraiment, ou seulement quelques individus. Mais cette classe d'âge est en moyenne passée au numérique, disons, tard, avec une certaine incompréhension des outils. Comme on apprend difficilement une langue étrangère en autodidacte quand on est adulte. Ils utilisent des ordinateurs, mais n'y sont pas particulièrement à l'aise.
Ensuite, les chiffres sont publics et faciles à trouver, la répartition des électeurs entre gauche et droite est assez proche dans cette tranche d'âge. Effectivement, il y a un très léger avantage envers la droite (moins de 5%), pas significatif pour en tirer des théories hâtives. En revanche, chez les 18-25 ans, 35% votent FN (le plus gros bataillon) et 32% des 35-59 ans contre seulement 20% des plus de 60 ans (chiffres des dernières régionales).
En réponse : Sur ce point-là, j'avoue que je m'appuie en effet sur un préjugé. Un préjugé appuyé sur des lectures, des analyses, que j'ai lues sans jamais prendre la peine de noter mes sources (je ne suis pas universitaire, je ne prépare pas une thèse). Mais qui par exemple se retrouve dans les chiffres du scrutin présidentiel (un peu plus "flat" qu'un scrutin régional). Mais je reconnais volontiers que je m'appuie trop sur un préjugé, et pas assez sur des faits. Et c'est un fait, par exemple, que la jeunesse vote énormément pour le FN. Mais je ne pense pas que le vote FN des 18-25 ans se lise de la même manière que celui des "seniors". En particulier parce que les taux de participation, et les taux d'inscription sur les listes électorales, ne sont pas les mêmes. Bref, pour un exposé sérieux sur ce sujet-là (ce qui n'était pas mon but), il y a du travail à faire. L'idée que je voulais faire passer était simple : ce n'est pas par ignorance, par manque d'accès à la connaissance, que ces décisions idiotes sont prises. C'est pour d'autres raisons.
Donc oui, je me suis appuyé sur un préjugé pour cet bout d'analyse qui n'était pas le fond de mon propos. Mea culpa.
D'ailleurs, si les plus jeunes étaient si au fait du numérique, d'Internet et de la sécurité, on se demande pourquoi ils sont une écrasante majorité à déverser leur vie privée sur les réseaux dits sociaux.
En réponse :Il y a un excellent article de JM Mannach sur ce sujet. Vie privée, le point de vue des "petits cons". Ça donne des pistes sur le fait qu'il ne faut pas trop préjuger, non plus, de l'ignorance des jeunes générations. Le fait qu'ils aient grandis dans un monde dont les structures sociales sont altérées par l'existence même du réseau peut les rendre difficiles à comprendre pour leurs aînés, y compris pour ceux qui comme moi sont arrivés sur le réseau il y a fort longtemps. Par ailleurs, il y a une courbe d'apprentissage. Individuelle, bien entendu, chacun apprenant à prendre en main les outils. Mais aussi sociale, la société apprend à se servir d'Internet. Et elle met du temps à apprendre, en tous cas plus de temps qu'un individu. Les questions de vie privée étaient assez bien comprises des pionniers. Puis se sont un peu perdues avec la massification de l'accès au réseau. Puis sont en train d'être ré-apprises, maintenant que le réseau est largement utilisé.
Les clichés ont la vie dure, et les répéter en boucle ne change rien à la réalité.
Oui. Et manifestement dans les deux sens :)
28 De fassil - 14/08/2016, 08:14
@Phil: belle contre-argumentation, surtout l'avant dernier paragraphe..
Interdisons donc les réseaux dits sociaux pour sauver les jeunes de l'Internet, non je déconne !
29 De Anonymous blog - 14/08/2016, 08:20
Limiter le chiffrement - Les punaises de l'info
(…)
30 De Jérôme - 15/08/2016, 18:44
Le peuple est mauvais, il faut réélire un nouveau peuple !
31 De La voie du Bitcoin - 15/08/2016, 19:13
Bravo pour cette analyse.
Pour y ajouter une petite touche, et sans réfuter votre introduction (ils ne sont pas idiots) je noterai qu'ils ne sont pas très instruits. Un énarque, un HEC, cela possède une certaine forme d'instruction dans laquelle la "culture générale" s'injecte en fiches bristol.
Vous soulignez un facteur d'âge que je ne conteste pas entièrement (et j'ai dépassé les 55!) mais enfin il y a une forme d'inculture qui est scientifique et technologique mais aussi humaine, culturelle, historique.
Je vous incite à lire sur mon blog la comparaison avec la réaction de Fouché à l'attentat de la rue Sainte-Nicaise (http://blog.lavoiedubitcoin.info/po...) et la conclusion que je suggère. Nos dirigeants ne comprennent pas (la chaleur dans le métro et ce qu'il y a dans la tête des passagers) par ce qu'ils n'ont aucune conviction. Regardez leur pitoyable discours sur la laïcité (contre l'islam, en fait). Les laïcards les plus enragés d'il y a 120 ans étaient parfois d'anciens séminaristes, le plus souvent de grands connaisseurs du christianisme. Aujourd'hui un monsieur comme Sarkozy ne saurait pas parler 5 minutes de la différence entre la sunna et la chi'a. Ils surveillent tout le monde et ne comprennent personne. CE N'EST PAS UN PARADOXE.
32 De Kattleya - 16/08/2016, 10:21
@Phil (commentaire 27)
Concernant les élections et les chiffres, car plusieurs choses me chiffonnent, vos chiffres et votre analyse politique sont erronés. Je pense que vous conviendrez qu'analyser la politique nationale sur une élection locale est au mieux malhonnête.
Donc reprenons vos chiffres, et prenons la dernière élection sur laquelle nous pouvons extraire des résultats plus proches de la réalité que vous tenez à décrire, i.e., les élections présidentielles de 2012 (Cf. http://www.ipsos.fr/sites/default/f...)
Page 2, si on extrait les résultats des candidats de "gauches" (respectivement, Arthaud, Poutou, Mélenchon, Hollande et Joly), nous arrivons au résultat suivant: 1 + 0 + 11 + 25 + 2 = 39%.
A présent, extrayons les résultats des candidats de droite (respectivement, Bayrou, Sarkozy, Dupont-Aignan, et Le Pen), nous arrivons alors au résultat suivant: 9 + 37 + 2 + 13 = 61%.
Je pense que nous sommes en dehors de tout biais statistique.
Quant à votre laïus sur les personnes de plus de 55 ans, de par mon expérience (personnelle et professionnelle), ce n'est pas car ce sont les premiers à avoir été confrontés à ces problématiques, qu'il n'en reste pas moins que pour la vaste majorité (toujours de ma propre expérience) ils n'en saisissent pas tous les tenants et les aboutissants.
Par contre, toujours et encore de mon expérience personnelle, les plus jeunes (- de 30 ans pour faire large) les saisissent à mon sens encore moins, et la dessus je vous rejoins.
Mais une fois de plus, ces deux dernières assertions ne sont tirées que de mon expérience (pourtant relativement technophile, et plutôt versé dans le numérique).
@Benjamin Merci de partager un point de vue que tu ne cesses de distiller dans toutes tes présentations.
33 De Christophe Certain - 16/08/2016, 12:14
Bonjour,
Je ne suis pas d'accord sur l'analyse. Il y a sûrement des gens brillants dans les ministères, mais ce n'est pas à eux qu'on pose les questions. Et ce n'est sûrement pas à l'ENA qu'on apprend grand chose sur le chiffrement et sur l'impact qu'on peut réellement avoir sur internet. On a vu ce que ça donnait avec la farce Hadopi.
Effectivement c'est purement de la com, mais s'il y avait des gens compétents quelque part, et tant qu'à faire de la com, au lien de proposer des choses idiotes qu'on n'a de plus aucun moyen de mettre en place, ils proposeraient au moins des choses qu'ils peuvent réellement réaliser (même si elles sont idiotes ou contre-productives). Et on est bien forcés de constater qu'il n'y en a pas. Ils sont donc bien de fait idiots et incompétents pour le travail qu'ils sont sensés réaliser.
En réponse :Hé bien nous ne somme pas d'accord. Et je pense que vous vous trompez. Manifestement, sur ce dossier précis, le ministre a reçu la bonne information, venant du bon service, donnant les tenants et les aboutissants des questions sur le chiffrement. Le parallèle avec HADOPI est très faible, parce que le minsitère de la culture n'a pas ce genre de service, et n'a pas cherché à avoir l'information. Alors, le parallèle existe, oui. Dans les deux cas, des compétences existent dans la haute administration. Et dans les deux cas, la décision politique sera prise sans tenir compte de l'avis éclairé. Mais dans un cas le système a fonctionné, la bonne information est parvenue au cabinet du ministre. Dans l'autre cas, le système n'a pas été utilisé (on n'a pas souhaité avoir un avis éclairé).
L'approche que vous avez, qui consiste à tout rejeter en vrac, revient à les dédouaner. À croire qu'ils ont compris où est l'intérêt général, mais qu'ils ont échoué à le servir, parce qu'ils ne savaient pas bien comment s'y prendre. Mon propos est de dire qu'ils savent très bien où est l'intérêt général. Et qu'ils ne souhaitent pas le servir. C'est très différent. Je ne leur fait pas la grâce de les croire naïfs ou incompétents. Ils savent ce qu'ils font. Et ils le font exprès.
34 De Phil - 16/08/2016, 20:36
@Kattleya
Les chiffres ne vous conviennent pas, donc vous les discréditez au prétexte que ce ne serait pas la bonne élection à prendre en compte. C'est pourtant la plus récente. Et une élection où des millions d'électeurs se sont déplacés dans toute la France pour aller voter et dont l'enjeu national n'aura échappé qu'à vous (je rappelle la schizophrénie dans tout le landerneau politico-médiatique à l'idée que le FN puisse emporter une région).
Alors vous êtes allé à la chasse à des chiffres qui seraient plus en adéquation avec vos certitudes.
Vous dites prendre les chiffres des Présidentielles de 2012. Alors, pourquoi vous appuyez-vous sur un sondage (votre lien) réalisé avant les Élections Présidentielles de 2012 ? Depuis quand un sondage basé sur 3152 personnes serait-il plus représentatif qu'une élection où des millions des électeurs ont pris la peine de se rendre à leur bureau de vote ?
Mais, quand bien même, prenons votre sondage en considération. Et tous les chiffres, pas uniquement ceux qui vous arrangent.
Que voit-on ? Que toutes tranches d'âge confondues, les sondés sans ambiguïté ont annoncé leur intention de voter à droite.
Si l'on regarde ensuite par tranche d'âge (à part les 24-35 ans qui sont répartis équitablement des deux côtés), toutes les autres tranches d'âges sont entre 56 % et 61 % favorables à la droite. Sur la base de votre sondage, on peut dire que c'est toute la France qui penche à droite et pas seulement une tranche d'âge.
Et là encore la tranche d'âge qui est le moins intéressé par le vote FN, contrairement aux idées reçues, ce sont les plus de soixante ans (13%) [18-24 ans (18%), 25-34 ans (20%), 35-44 ans (23%), 45-59 (19%)].
Mais vous pouvez continuer à raconter l'inverse, si ça vous chante. Si vous considérez que je suis "au mieux malhonnête", je vous laisse trouver le qualificatif vous concernant.
35 De Kattleya - 17/08/2016, 14:38
@Phil
De deux choses l'une. Ce n'est pas parce que la sphère politique et la sphère médiatique titrent toutes les deux que des élections ont une porté nationale qu'elles en ont une. Dire autre chose est encore une fois, je persiste et signe, faire preuve de malhonnêteté.
Autre point, en fouillant les premiers liens, je n'ai trouvé que des résultats du second tour, or, ce qui nous intéressait ici était les résultats du premier. Ce sondage ayant été effectué la vieille (du 19 au 21 avril 2012 pour une élection le 22 de mémoire) et (encore une fois de mémoire) je n'avais pas entendu de scandale comme quoi les sondages s'était profondément trompé, je pense que c'est une bien meilleure base qu'un scrutin local pour parler des aspirations politiques nationales des français. Libre à vous de trouver les résultats exacts, je doute que ma démonstration n'en soit invalidée (la preuve en est que soit vous n'avez pas pris la peine de chercher les vrais chiffres, soit vous l'avez fait et mon point est prouvé).
Enfin, je n'ai contesté que votre assertion selon laquelle les 55+ ne votent pas majoritairement à droite. Je vous ai mis en défaut sur ce point. Que le reste de la population penche aussi pour la droite. Soit. Ca ne change rien à l'assertion précédente. D'ailleurs, sans avoir les chiffres sous les yeux, c'est quelque chose d'assez suivi dans l'histoire de la 5ème république tout du moins.
Pour conclure, vous trouvez que l'article de Benjamin perd en crédit lorsqu'il déclare une chose qui est pourtant factuellement juste.
Il n'en reste pas moins, et je le répète encore une fois car vous avez eu tendance à appuyer sur mon argument qui ne vous plaisait pas, que je suis en accord avec vous sur la pauvreté de la culture numérique (en particulier, mais je ne m'arrêterai pas à celle là uniquement) de notre jeunesse qui l'amène à des comportements dangereux.
36 De Une vieille - 17/08/2016, 17:28
Coucou les jeunes ;)
Un petit clin d'oeil d'une vieille de 61 ans qui utilise Linux, et une messagerie chiffrée pour communiquer avec son entourage (avec vérification des clés), qui crypte ses données, qui utilise un smartphone avec messagerie cryptée également .... et qui en connaît souvent bien plus que certains jeunes dans ce domaine ;)
De plus en plus de "vieux" se mettent au numérique et en comprennent parfaitement le fonctionnement ...
C'est tout simplement un moyen de nous supprimer une liberté de plus, le droit à la vie privée, l'occasion est trop belle ... et ils savent très bien ce qu'ils font.
En réponse : Bien entendu. Et heureusement ! La culture du numérique se répand. La question de la vie privée et du chiffrement en fait partie. Il serait bien surprenant qu'elle n'atteigne pas une classe d'âge encore active. En revanche, 61 ans, linuxienne, qui utilise du chiffrement, c'est trop rare à mon goût. Oh, vous n'êtes pas un cas isolé, loin s'en faut. Mais c'est rare. L'intérêt est qu'en général c'est fait en toute conscience. Alors que les gamins qui utilisent Telegram, Whatsapp, ou Signal, ne savent pas trop bien comment ça marche, et ne savent pas forcément expliquer pourquoi ils utilisent ça.
37 De enkidu - 18/08/2016, 11:42
De bonne idées, beaucoup de raccourcis un peu démago.
Et ne pas oublier le radoir de Hanlon (https://fr.wikipedia.org/wiki/Rasoi...)
Mais de toute façon cela ne passera pas, trop gros (les banques en ligne sans chiffrement, les sites de commerce sans ssl ??? ).
merci pour la lecture