Le chef des services de sécurité ukrainiens a annoncé en grande pompe, lundi matin, que le Français arrêté le 21 mai dernier à la frontière avec la Pologne, projetait de commettre "quinze actes terroristes planifiés en France à la veille et pendant le championnat d'Europe de football" contre une mosquée, une synagogue et des centres d'impôts.
Une déclaration immédiatement tempérée du côté français, où l'enquête se dirige pour l'instant sur la piste d'un réseau de trafic d'armes. Le parquet anti-terroriste n'est pas saisi. La France a fait une demande d'entraide auprès des Ukrainiens pour obtenir des informations complémentaires et pourrait demander l'extradition de Grégoire M. Toujours est-il que la stupeur est grande dans le petit village de la Meuse d'où est originaire ce Français de 25 ans.
"On se demande si c'est bien lui".A Nant-le-Petit, où vivent 80 âmes parmi de gros corps de ferme en pierre et des jardinets fleuris, les quelque habitants qui ont accepté de répondre à Europe 1, décrivent un jeune homme très discret et serviable. Depuis la perquisition par les enquêteurs au domicile de Grégoire M., qui vivait depuis quelques années chez son grand-père, Dominique Pensalfini-Demorise, la maire de la commune s'interroge : "C'est un jeune homme de 25 ans intéressé par son métier et qui ne semblait pas s'intéresser à autre chose. Quand il était là, il aidait ses voisins en tout cas. Ça ne colle pas avec le personnage, donc on se demande si c'est bien lui".
Un jeune "très courageux". Jean-Jacques, le voisin direct de Grégoire M., dresse le même portrait. "J'en avais l'image d'un garçon qui cherche à s'en sortir. Un peu solitaire, mais il venait boire un verre avec moi, il me parlait gentiment, de projets. Il me parlait de sa formation d'inséminateur pour laquelle il bossait beaucoup, je le trouvais très courageux". "Courageux", "travailleur", c'est aussi ce que dit la coopérative agricole pour laquelle il travaillait en tant qu’incinérateur.
Si Grégoire M. n'avait jamais parlé politique avec ses voisins, certains avaient toutefois noté une petite rancœur, un manque de reconnaissance. Il leur avait confié avoir pour projet de partir acheter des terres en Ukraine pour s'y installer comme agriculteur. En garde à vue, il aurait déclaré selon Kiev être en opposition avec "la politique de son gouvernement concernant l'arrivée massive d'étrangers en France, la diffusion de l'islam et la mondialisation". A son domicile, les policiers français n'ont rien trouvé à l'exception d'un tee-shirt à l'effigie d'un groupe d'extrême-droite.