Google. Six lettres familières, un nom à la consonnance sympathique habillé de couleurs primaires vives qui accompagne le quotidien de l’humain du XXIe s. Ce terme initialement emprunt au vocabulaire mathématique, désignant 10e100, incarne aujourd’hui une entreprise mondialement connue, au leadership incontesté dans le secteur numérique. Fidèle à son appellation mère, Google, du haut de ses 17 ans, se déploie et s’étend sans limites.
Fin 2012, les deux tiers des requêtes mondiales sur les moteurs de recherche sont captées par ce leader des navigateurs web et début 2015, il dépasse les 90% de parts de marché de la recherche numérique.
Armé du mot d’ordre « Don’t be evil » (« Ne soyez pas malveillant »), Google affiche sa volonté d’œuvrer pour un monde meilleur en se positionnant comme force bénéfique. Rendu célèbre par la situation monopolistique de son moteur de recherche, il accompagne et guide ainsi les internautes dans leurs quêtes d’informations sur la toile mondiale. L’altruiste Google fournit également de nombreux services qui facilite le quotidien de chacun par leur accessibilité et leur intuitivité, tel que Google Earth, Google Maps ou encore Google Play. Lancé en 2012, Google Drive, le service de stockage et de partage de fichiers du leader du net, compte 240 millions d’utilisateurs actifs fin 2014.
Au cours de son ascension, le géant du numérique procède à de multiples acquisitions et développements et détient aujourd’hui plusieurs logiciels et sites web notables parmi lesquels YouTube ainsi que le système d’exploitation pour téléphones mobiles Android. En 2014, le classement Best Global Brands d’Interbrand positionne Google comme la 2e entreprise mondiale – derrière Apple – en termes de valeur avec une valorisation de 107,43 milliards de dollars (+15 % par rapport à 2013), dépassant, pour la première fois depuis la création de ce classement en 1974, la barre des 100 milliards de dollars.
GOOGLE OU LA DOMINATION NUMÉRIQUE
En 2011, Google possède un parc de plus de 900 000 serveurs, soit 2,8 % du marché à lui tout seul, avec des appareils répartis sur 32 sites. En octobre 2010, le leader numérique représente 6,4 % du trafic Internet mondial et affiche une croissance supérieure à celle du web ! En Europe, il occupe une position hégémonique puisque sa part de marché dans la recherche représente plus de 93%.
Actuellement, une mise à jour est en cours de déploiement au sein du moteur de recherche Google. Cette dernière a pour but, dans la lignée des suggestions d’autocomplétion, de faciliter davantage la saisie et la recherche d’informations. En effet, dès qu’un internaute commence à poser une question dans la barre de navigation, Google lui fournit immédiatement la réponse avant même que l’interrogation ne soit intégralement formulée. Passionnément animé par la volonté d’anticiper les besoins des internautes, Google, avec cette mise à jour de son algorithme de recherche, facilite toujours plus le quotidien des navigateurs du web. Cette nouveauté touche, pour le moment, un nombre restreint d’utilisateurs anglophones et se concentre principalement sur des questions dont les réponses sont des dates. Par exemple, si l’internaute commence la phrase « Quand est-ce que Hawaï…», le moteur va se baser sur la requête populaire « Quand est-ce que Hawaï est devenu un État ? » et proposer directement la réponse sans attente inutile.
GOOGLE EN QUÊTE DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
L’année 2013 montre le désir de Google de se développer dans le secteur de la robotique, avec l’acquisition de huit sociétés dont Boston Dynamics, réputée pour sa collaboration avec le Pentagone et pour ses robots capables de courir en terrains accidentés. Selon John Markoff, journaliste du New York Times, ces acquisitions serait la prémisse de la construction de systèmes autonomes capables de tout faire : aide aux tâches ménagères, livraison à domicile ou encore soin aux personnes âgées.
En janvier 2014, Google acquiert Nest Labs, une entreprise américaine spécialisée dans la domotique. Celle-ci correspond à l’ensemble des techniques de l’électronique, de physique du bâtiment, d’automatisme, d’informatique ainsi que de télécommunications et permet de centraliser le contrôle des différents systèmes et sous-systèmes d’un habitat (chauffage, volets roulants, porte de garage, portail d’entrée, prises électriques…). La domotique vise à apporter des solutions techniques pour répondre aux besoins de confort (gestion d’énergie, optimisation de l’éclairage et du chauffage), de sécurité (alarme) et de communication (commandes à distance, signaux visuels ou sonores…) des habitations humaines.
À la même période, Google annonce le rachat de DeepMind, une startup londonienne spécialisée dans l’intelligence artificielle. Le mois suivant, il officialise un investissement de 40 millions de dollars dans Renaissance Learning, une start-up spécialiste en logiciels et services cloud dans le domaine de l’éducation.
Confirmant son intérêt pour les nouvelles technologies, en octobre 2014, Google investit 542 millions de dollars dans Magic Leap, jeune société spécialisée dans les interactions homme-machine. Cette dernière travaille actuellement sur un système mobile propriétaire pour les objets connectés, baptisé Cinematic Reality ; ce système viserait à harmoniser davantage les interactions virtuelles avec les sensations perçues par l’être humain. L’objectif est de gommer les frontières sensitives entre perception du réel et du virtuel pour faciliter les interactions entre les deux univers en faisant usage de la réalité augmentée.
GOOGLE EN LUTTE CONTRE LA MORT
En septembre 2013, dans le complexe secret Google X Lab, Calico, une société de biotechnologies, voit le jour avec pour but avoué de se concentrer sur le défi de la lutte contre le vieillissement et les maladies associées avec pour projet ultime de « tuer la mort ».
Google devient ainsi l’un des principaux sponsors du mouvement transhumaniste, notamment par le soutien financier massif des entreprises œuvrant dans le domaine des nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives (NBIC) et par l’engagement, en décembre 2012, au sein de son équipe dirigeante, de Raymond Kurzweil, spécialiste de l’intelligence artificielle, théoricien du transhumanisme et cofondateur de la Singularity University – par ailleurs parrainée financièrement par Google – prônant le concept de singularité technologique, c’est-à-dire l’avènement d’une intelligence artificielle qui dépassera les capacités du cerveau humain.
Le transhumanisme est un mouvement culturel et intellectuel international qui prône l’usage des sciences et des techniques dans le but d’améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains. Cette idéologie, née dans les années 1950, considère légitime d’utiliser tous les moyens technologiques et scientifiques pour augmenter les capacités de l’Homme (son corps, son cerveau, son ADN) et pour faire reculer la mort. Google soutient cette idéologie et maîtrise toutes les technologies qui la sous-tendent : la robotique, l’informatique, les moteurs de recherche et l’intelligence artificielle, les nanobiotechnologies, le séquençage ADN…
L’ambition du géant de l’Internet est ouvertement d’appliquer son modèle de réussite dans le domaine des technologies de l’information, à celui des technologies de la santé et des biotechnologies, afin d’améliorer la qualité et de prolonger la durée de la vie humaine, notamment en parvenant à faire de son moteur de recherche la première et la plus performante des intelligences artificielles.
En d’autres termes, la bataille entre le microprocesseur et le neurone a commencé. L’intelligence artificielle arrive à grands pas. Selon la loi de Moore, la puissance informatique s’accroît très rapidement ; le nombre d’opérations réalisées par les plus gros ordinateurs est multiplié par 1 000 tous les dix ans. En 1950, un ordinateur effectuait 1 000 opérations par seconde, aujourd’hui il réalise 33 millions de milliards d’opérations et atteindra les 1 000 milliards de milliards en 2029 ! Aux alentours de 2040 émergeront des machines dotées de la capacité du cerveau humain et à la fin du siècle, elles nous dépasseront en intelligence.
« Imaginez si de tels robots, plus forts que nous, ayant accès à l’intelligence artificielle et à l’impression 3D, connectés et contrôlant Internet, existaient… Leur pouvoir de manipulation serait quasi illimité. Quand « BigDog » aura un fusil d’assaut M16 dans les mains, il vaudra mieux ne pas se promener en forêt ! » déclare Laurent Alexandre, chirurgien et neurobiologiste.
J. Mermet