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   Nous profitons de la reprise sur ce site d'un compte-rendu de deux articles de Thomasz Konicz réalisé par les Amis de Némésis, pour signaler l'article « Plongée dans la guerre civile mondiale » de ce même auteur, ainsi que la parution en Allemagne de l'ouvrage d'un autre collaborateur de la revue Exit !, Gerd BedszentZusammen Bruch der peripherie qui vient de paraître chez Horlemann

   Bedszent et Konicz sont des collaborateurs d'Exit ! qui s'intéressent notamment aux questions géopolitiques dans le capitalisme de crise, en prenant pour fondement la théorie de la Wert-abspaltungskritik (critique de la dissociation-valeur) forgée notamment autour de l'oeuvre de Robert Kurz (1943-2012). Kurz a publié un fort ouvrage sur cette thématique (non-traduit en français) qui constitue encore le soubassement théorique des nombreuses analyses géopolitiques que l'on peut faire à partir des outils conceptuels de la critique de la dissociation-valeur : Guerre d'ordre mondial : la fin de la souveraineté et les transformations de l'impérialisme à l'époque de la mondialisation (Horlemann Verlag, 2003). Une présentation partielle de ses thèses est publiée en français dans « Impérialisme de crise : Six thèses sur les nouvelles guerres d'ordre mondial » (in R. Kurz, Avis aux naufragés, Lignes, 2005). On peut également signaler dans ce même recueil, un texte majeur de Kurz pour comprendre l'idéologie de crise islamiste postmoderne, « La pulsion de mort de la concurrence. "Amoks" et kamikazes comme sujets de la crise », dont les thématiques semblent peu abordées (ou qu'indirectement) par Konicz dans son interprétation de l'idéologie de crise islamiste. Pour être complet, signalons par ailleurs que depuis les attentats en France en janvier 2015, le groupe Krisis a publié un important dossier d'articles Zur kritik des Islamismus und des westlichen Kulturkämpfertums (traductions bienvenues).

Palim Psao

Etat islamique Inc. 

Résumé de deux textes de Thomasz Konicz 

par

Les Amis de Némésis

 Un nouveau membre du groupe Exit ! vient de publier deux articles très intéressants sur l’Etat islamique. L’auteur s’appelle Tomasz Konicz, il est journaliste indépendant d’origine polonaise. Nous ne doutons pas que, compte tenu des nombreux relais du groupe Exit ! en France, ces articles feront rapidement l’objet d’une traduction exhaustive, mais en attendant, nous pensons utile de donner une idée à nos lecteurs de l’approche qui y est développée. Ce qui suit est donc une traduction condensée de ces deux textes très redondants (on pourrait qualifier cela de « résumé épuratoire »…).

   Le premier article est intitulé « Domaine d’activité : la barbarie » (« Geschäftsfeld : Barbarei »). Il s’agit d’un article de 12 pages, publié en janvier 2015 sur le blog personnel de Tomasz Konicz[1]. Le second a été publié le 01.10.2014 sur le site d’Exit ! et est intitulé « Globalisierte Barbarei – ein Versuch, das Phänomen ‘‘Islamischer Staat’’ zu begreifen » (« La barbarie globalisée – une tentative de comprendre le phénomène ‘‘Etat islamique’’ »)[2].

Thomasz Konicz, « Domaine d’activité : la barbarie »

   Commençons par le premier article. Selon la presse britannique (Telegraph et Financial Times), l’EI agit comme une « entreprise multinationale » et vise à « vendre la terreur », avec un degré de précision comparable à la comptabilité tenue par des groupes industriels. En effet, l’EI établit tous les ans un bilan détaillé (une brochure sur papier glacé) recensant les progrès accomplis dans sa campagne de terreur. La directrice du thinktank américain Institute for the Study of War, Jessica Lewis, a par exemple déclaré au Telegraph : « ils ont un business plan et leur activité primaire consiste dans l’expansion par la conquête »[3]. Les deux quotidiens britanniques se réfèrent à une analyse de l’Institute for the Study of War, lequel s’intéresse de très près aux bilans annuels de l’EI, nommés « al-Naba », établis pour les exercices 2012 et 2013[4]. Comme il est coutumier pour une entreprise, le bilan est essentiellement une présentation chiffrée. Des représentations infographiques professionnelles, en tout point comparables aux présentations circularisées par les départements de relations publiques des groupes industriels occidentaux, illustrent les progrès militaires accomplis par l’EI. Le lecteur intéressé pourra ainsi apprendre qu’au cours de l’exercice 2013 (année comptable allant de novembre 2012 à novembre 2013) le nombre des actions militaires entreprises en Iraq se monte à 7681, dont 1083 assassinats, 607 attaques au mortier, 1015 attaques à l’explosif contre des bâtiments et des lieux de prière d’ « infidèles », 537 explosions de voitures et 238 attentats-suicide (plus précisément 160 avec des gilets-suicide, 78 avec des véhicules). La précision baisse lorsqu’il s’agit de recenser les « chiites expulsés » et les « infidèles convertis » (pour chaque catégorie, « plus de 100 »). S’agissant de l’équipement militaire de l’EI, on peut apprendre qu’en 2013 celui-ci disposait de 887 bazookas, 359 mortiers et de 633 armes de poing[5]. Les commentateurs de l’Institute for the Study of War pensent que la publication de ces bilans sert à démontrer l’efficacité de l’EI et de trouver de nouveaux sponsors financiers. Ici comme dans le business en général, il faut préserver la bonne humeur des actionnaires en présentant de bons résultats. Ces actionnaires seraient de façon prépondérante de riches hommes d’affaires issus des despotismes du Golfe, habitués aux brochures sur papier glacé qui leur parlent de pétrole en particulier ou d’énergie en général.

    Un expert allemand, Michael Lüders, mentionne la position très ambivalente de l’Arabie saoudite vis-à-vis de l’EI. Le régime saoudien ne soutient pas directement l’EI mais le laisse faire par des personnalités richissimes de son pays. Les proportions sont mal connues. Et d’autres Etats du Golfe agissent de même. Tous ces financiers voient en l’EI un rempart contre le chiisme et notamment contre l’Iran. Une partie des fortunes réalisées dans le pétrole, servant à maintenir le délire automobile dans les pays occidentaux, part ainsi dans les coffres des milices terroristes agissant dans les périphéries décomposées de l’Arabie. L’argent du pétrole se reconvertit en têtes coupées ou en gorges tranchées, en populations exilées, en mains coupées, en terrorisme se présentant comme un exercice de vertu, en bâtiments, églises et mosquées dynamitées, en femmes violées et en enfants réduits à l’esclavage. Les investissements effectués par les théocraties despotiques du Golfe ont été rentables si l’on considère la prise de Mossoul et l’occupation de larges parties de l’Iraq et de la Syrie. L’EI est devenu l’organisation terroriste la plus riche au monde. Rien qu’en se saisissant de la banque centrale de Mossoul, l’EI s’est enrichi d’environ 425 millions de dollars US. Si l’on ajoute à cela des actifs de l’ordre de 875 millions de dollars US ainsi que diverses saisies par occupation militaire, la fortune de cette organisation doit s’élever à environ 2 milliards de dollars US. L’EI pratique une politique de pillage dans toute la région du Tigre et de l’Euphrate, qui était un berceau de la civilisation. Les miliciens explorent les musées et les sites archéologiques pour en extraire des objets de valeur, qu’ils commercialisent ensuite au marché noir, créant des revenus de douzaines de millions de dollars. Le pillage d’un seul site de fouilles en Syrie est censé avoir rapporté 36 millions de dollars US. Mais l’EI contrôle essentiellement des gisements de pétrole en Syrie et en Iraq, offrant de substantiels revenus. La criminalité organisée prospère dans ces régions, les mafieux n’étant après tout que des entrepreneurs agissant sur un terrain illégal (stupéfiants, armes, contrats d’assassinat, kidnapping, trafic d’humains, etc., commerces auxquels il faut ajouter la perception d’ « impôts » de protection, les braquages de banques et le blanchiment d’argent). La frontière entre criminels mafieux et islamistes est inexistante. La revue Foreign Policy a établi que les revenus des activités criminelles dépassaient désormais les autres sources financières. Les réserves en numéraires résultant des activités mafieuses seraient de l’ordre de 500 millions de dollars US. Le New York Times a parlé de la « commercialisation » des réseaux terroristes islamistes comme ayant pris naissance avec le trafic d’héroïne des talibans.

   Al-Qaida au Maghreb, Boko Haram au Nigéria ou les milices somaliennes Al-Shabbaab sont des entreprises de plus en plus rentables. Cette orientation de milices intégristes vers l’accumulation de profit a conféré à ces organismes « une nouvelle vie », un pôle d’attraction pour des pauvres du monde entier. Il est devenu possible d’acquérir de toutes pièces une véritable armée. En Ukraine, un milicien gagne 1000 USD par mois. Au Proche-Orient, compte tenu du degré de misère existant, ce salaire tombe à 600 USD par mois. Un revenu de 425 millions USD peut donc garantir à l’EI une année d’activité avec 60.000 combattants. La formation de ceux-ci pose de moins en moins de problème puisque à la longue, des régiments entiers de mercenaires expérimentés affluent d’autres pays vers un Etat islamique doté de ressources pléthoriques. Pour de nombreux jeunes marginalisés dans la région, la seule perspective pour échapper à la misère et à la faim est de « faire carrière » dans les rangs de l’EI. On a entendu parler de jeunes banlieusards d’Istanbul rejoignant l’EI pour 400 USD par mois. Les combattants de l’EI sont considérés comme riches, et la perspective de conduire une BMW X5 est souvent plus attrayante que d’aller au paradis d’Allah. Plus d’un tiers des combattants a été recruté à l’extérieur des pays en guerre. Un terroriste arrêté au Kurdistan syriaque a dépeint un flux permanent de djihadistes en provenance du monde entier, recruté à travers une vaste campagne de publicité (« beaucoup d’anglais, des gens venant d’Asie, d’Europe et d’Amérique »).

   L’EI constitue pour ainsi dire un produit collatéral barbare de la globalisation capitaliste en crise. Il ne s’agit plus d’un mouvement insurrectionnel autochtone, traditionnaliste et émanant de tribus locales, mais d’une armée d’occupation globalisée, qui se déploie dans les régions socialement, économiquement et politiquement effondrées. C’est pourquoi l’EI ne massacre pas que des « infidèles » mais aussi des sunnites qui refusent cette occupation. L’EI a par exemple intégralement exterminé un groupement sunnite d’environ 700 personnes en Syrie orientale à la mi-août 2014 parce que les meneurs de cette tribu avaient refusé de se soumettre au nouveau califat. L’auteur reconnaît à l’EI une structure de commandement efficace, une organisation militaire performante, un talent certain dans sa politique de relations publiques (la gestion en direct de la terreur), de réels succès dans le recrutement, le sens du lean management (le commandement des groupes intégrés localement est conservé). L’auteur croit reconnaître une différence entre les grands groupes industriels qui déploient leur activité (et les destructions qui s’y rapportent) pour produire du profit tandis que l’EI accumule du capital en vue des destructions, et il voit dans cette originalité de l’EI « le devenir-manifeste de la tendance autodestructive inhérente au capitalisme »[6]. Konicz retient que l’objectif de l’EI est de supprimer tous les « infidèles » de la même façon que les nazis entendaient supprimer les « sous-hommes non aryens » (juifs, bolchéviques, slaves, tziganes, homosexuels) et que les deux organisations utilisent les moyens les plus modernes et l’efficacité industrielle pour parvenir à ces fins archaïques[7]. Selon Konicz, « l’industrie terroriste mise en place par l’EI reflète l’irrationalité de crise de la socialisation capitaliste »[8]. Selon Al Jazeera, le succès de l’EI engendre désormais des phénomènes mimétiques en Asie du Sud-Est (aux Philippines avec Abou Sayyaf). Au Nigéria et au Cameroun le groupe Boko Haram veut instaurer un califat africain et occupe un territoire de la taille de l’Irlande.

   Le développement des armées terroristes apporte la preuve irréfutable de l’échec des guerres menées par les Occidentaux « contre le terrorisme ». Ces guerres ne suppriment pas leur ennemi mais le multiplient. Tous ces mercenaires, venus des pays les plus divers, ne peuvent généralement plus rentrer dans leur pays d’origine et considèrent la « guerre sainte » comme leur nouvelle patrie. Le réservoir au recrutement est immense, dans toutes les zones déshéritées du tiers monde mais aussi des pays occidentaux. Une étude de l’Office de protection de la constitution a établi sur la base des 400 islamistes actifs provenant d’Allemagne que la majorité des convertis au djihad étaient des individus marginalisés, parmi eux seuls 12 % avaient une activité professionnelle stable, la plupart vivait de niveaux de revenu minima. Seulement 6 % d’entre eux avaient connu une formation professionnelle, et 2 % avaient fait des études supérieures. Un tiers d’entre eux avaient un casier judiciaire, généralement lié à la petite criminalité habituelle dans les ghettos. Dans 23 % des cas seulement, les parents de ces individus étaient tenants d’un islam fondamentaliste. L’exemple le plus emblématique est celui de Denis Cuspert, ancien petit malfrat de banlieue devenu rappeur puis combattant d’Allah, enfin membre des sphères dirigeantes de l’EI. Le recrutement des djihadistes ne se fait pas dans les milieux les plus traditionalistes de l’Islam mais parmi des délinquants qui ne se souciaient pas spécialement de religion, et dont la « conversion » a eu lieu dans un grand remue-ménage émotionnel, dû au fait qu’ils ne se sentaient aucunement faire partie de la société occidentale et se découvraient tout d’un coup une identité collective. La vocation djihadiste apparaît comme le répondant désastreux de la politique d’exclusion qui frappe les populations immigrées.

   Le racisme et l’islamisme se font face comme deux phénomènes symétriques (particulièrement en France, avec la montée du FN). L’islamisme n’est qu’une « modification religieusement masquée de l’extrémisme de droite, une sorte de fascisme clérical postmoderne et globalisé. » La « race » y est remplacée par « les infidèles ». Le pouvoir d’attraction identitaire de ce genre d’extrémisme est grand dans les périodes où tout part en morceaux, on cherche à retourner vers un passé idéalisé (et complètement falsifié). La « civilisation occidentale » ne peut être le remède puisque c’est d’elle qu’exsudent en temps de crise tant l’extrémisme de droite que l’islamisme. De plus, c’est l’Occident qui a monté de toutes pièces le fondamentalisme islamique militarisé contre les Soviétiques dans les années 1980 et en fait une pièce constante de sa géopolitique. Qu’aurait été Oussama Ben Laden sans la CIA ? L’Occident a pour allié le plus constant dans cette région du monde le régime saoudien, le régime fondamentaliste le plus brutal de la planète, et toute lutte contre un djihadisme soutenu par Riyad évoque l’apprenti sorcier qui ne maîtrise plus les forces qu’il a déchainées.

   Mais plus encore que les machinations des services saoudiens ou américains[9], c’est la crise dévastatrice qui fournit au djihad des milliers de jeunes gens sans perspective et acceptant le culte d’une mort sainte.

Thomasz Konicz, « La barbarie globalisée – une tentative de comprendre le phénomène ‘‘Etat islamique’’ »

Et maintenant le second article.

   Une fois de plus, la Maison Blanche veut rassembler une coalition mondiale contre l’Axe du Mal. Trois années de guerre devaient suffire, et la première campagne inclut des frappes aériennes en Syrie, ainsi qu’un budget exceptionnel de 500 millions USD. Il s’agit à présent d’aider les « rebelles syriens modérés », après avoir aidé avec les monarchies du Golfe une opposition syrienne comprenant toute une série de milices islamistes, dont l’EI. Ces prétendus « modérés » sont en réalité eux-mêmes dirigés par des islamistes concurrents de l’EI, comme l’alliance baptisée Front Islamique, fortement liée au groupe djihadiste Al-Nosra. Ces groupes islamistes issus d’Al-Qaida essaient de se différencier de l’EI, qui les a défaits militairement, et s’entraînent désormais en Arabie saoudite. En résumé, l’Occident est à nouveau en train d’armer des islamistes contre d’autres islamistes, en espérant servir ainsi ses intérêts géostratégiques et abattre le régime d’elAssad. La radicalisation successive des groupes instrumentalisés n’est qu’une affaire de temps. La personnalité autoritaire est le profil commun entre le fascisme et l’islamisme. Dans les deux cas, il s’agit de se soumettre à un destin inamovible, atemporel, dans les deux cas la haine de celui qui ne se soumet pas (l’infidèle, le chômeur, le marginal, le librepenseur) exprime la souffrance de celui qui a décidé de se soumettre mais ne veut pas avouer que son fétichisme consenti le mutile, dans les deux cas (le lecteur est renvoyé à Psychologie de masse du fascisme de Wilhelm Reich). Les nombreuses et terribles exactions sexuelles au Proche-Orient en sont un exemple pesant. Une vie sexuelle libre y est aussi impossible que la fondation d’une famille tant la misère l’interdit. En même temps, l’imposition du voile et d’autres rituels aux femmes traduit l’échec complet des tentatives d’occidentalisation de ces pays. Rappel de la théorie de l’Abspaltung et du fait que la dégradation capitaliste de l’ordre patriarcal et agricole, qui avait pris des siècles en Europe, se présente brutalement dans les pays arabes et y engendre une peur terrible des femmes, et donc une haine décuplée contre elles. Les autres points sont identiques avec l’article précédent.

PS : Le lecteur français peut avoir une idée du bilan annuel de l’EI en lisant le lien suivant : http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20140922.OBS9880/etat-islamique-le-bilancomptable-des-massacres.html

Origine de l'article : ici

 

Notes : 

 

[3] [1. L’expansion par la conquête est une constante dans l’histoire, à commencer par la guerre menée par le Prophète aux débuts de l’Islam. De même, la guerre a toujours été une entreprise rationnelle et son succès dépend largement de cette qualité. Ce n’est donc pas en cela que l’EI se singularise forcément. Note des Amis de Némésis]

[4] [2. Samuel Laurent, dans son livre hâtivement concocté L’Etat islamique, s’étend à juste titre sur la présence massive de l’Etat islamique sur les réseaux sociaux, Twitter et Facebook, qui leur assure une visibilité mondiale, mais ne mentionne même pas la publication des bilans « al-Naba ». Note des Amis de Némésis]

[5] [3. Chiffres qui pour l’occasion semblent assez ridicules. Note des Amis de Némésis]

[6] [4. Cette différence semble moins évidente que cela : d’une part l’EI ne se livre à ses horribles destructions que pour mieux accumuler et dominer des pays à exploiter, tout comme l’avait fait le nazisme, et d’autre part sa mainmise sur les ressources (notamment pétrolières) peut très bien produire un return on equity, direct ou indirect, pour ses commanditaires et sponsors. Note des Amis de Némésis]

[7] [5. Ce qui est sûr, c’est que dans les deux cas, ces massacres génocidaires ont effectivement lieu et sont proclamés comme des objectifs supérieurs à tout le reste : les deux aspects paraissant du coup parfaitement cohérents ; il n’en reste pas moins que, 4 dans un cas comme dans l’autre, ces massacres répondent au souci de s’accaparer les richesses des étrangers ainsi dépossédés (les juifs étant considérés comme des étrangers de l’intérieur) et la « politique » nazie (ou islamiste) traduisant ainsi une « économie » de pillage. Note des Amis de Némésis]

[8] [6. La formule reste elliptique. Nous supposons qu’il s’agit d’une récession à l’échelle mondiale de la socialisation par le travail, à laquelle répondent des formes de socialisation barbares. Dans ce cas, la formule s’applique aussi bien aux pays condamnés à une guerre civile ininterrompue, comme l’Iraq, la Syrie, la Libye, le Liban, l’Afghanistan, le Yémen, et aux zones « de non-droit » dans les pays occidentaux. Note des Amis de Némésis]

[9] [7. Cette nouvelle armée en expansion permanente, prête à exécuter les basses œuvres un peu partout où ses chefs, connus ou cachés, lui disent d’aller semer la destruction, est dirigée comme on sait par un certain Abou Bakr al-Baghdadi, de son vrai nom Ibrahim Awad Ibrahim Ali al-Badri, natif de Samarra (d’autres sources disent Fallujah ou Diyala) en Iraq. Selon certaines sources (Samuel Laurent, op. cit., Seuil 2014, p. 121 à 124), qui sont contredites par d’autres, lui ainsi que l’Etat-Major qui l’entoure (une dizaine d’hommes), aurait été faits prisonniers par les Américains en 2004, en raison de nombreux crimes déjà commis à cette époque. Ce qui leur était reproché justifiait donc de très longues périodes de détention. Or, ces hommes auraient tous été libérés en bloc quelques mois plus tard, sans aucun motif visible. Donc, avec des motifs invisibles. De là à imaginer que se répète ici la politique secrète et absurde qui avait déjà présidé à la création d’Al-Qaida, il n’y a pas très loin : mettre en place des organisations criminelles pour les utiliser contre un ennemi commun (à l’époque les Soviétiques en Afghanistan, aujourd’hui les régimes iranien, iraquien et syrien) et pour s’assurer d’une main mise directe sur les champs pétrolifères. Laisser une armée de criminels détruire des pays entiers en se disant que le moment venu, on les remettra dans leur boîte. Pour d’autres sources, comme Wikipedia, les dates ne sont pas les mêmes – arrestation en 2005 et libération en 2009 – et il est avancé qu’al-Baghdadi aurait été arrêté par erreur, et donc relâché sans problème au bout de quatre ans. Note des Amis de Némésis

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