Alors qu’il est retranché dans une imprimerie avec son frère, Cherif Kouachi s’entretient avec des journalistes de BFMTV. Toute l’élite de la police française les assiège et on imagine qu’ils ne se font pas beaucoup d’illusions quant à l’issue de la bataille. D’une voix calme, il paraît cependant soucieux de donner un sens à leur massacre de la veille ainsi qu’un cadre éthique et historique à ce que chacun souhaiterait interpréter comme du nihilisme. À la fin du passage diffusé plus tard par BFMTV, Cherif Kouachi précise qu’il a été financé et envoyé par un certain Anwar Al-Awlaki. Ce nom est bien connu de ceux qui se sont intéressés à la lutte contre le terrorisme de ces dernières années. Le livre « Dirty Wars : Le nouvel art de la guerre » écrit par le journaliste américain Jeremy Scahill lui consacre tout un chapitre. Cet article s’appuie essentiellement sur ces recherches publiées aux Etats-Unis en 2013
Qui est Anwar Al-Awlaki ?
Né en 1971, Anwar Al-Awlaki possède la double nationalité, Américaine et Yéménite. Sa scolarité brillante se déroulera autant aux Etats-Unis qu’au Yémen. Son père était par ailleurs ministre de l’agriculture et président de l’université de Sana.
En 1994, il devient Imam à Denver dans le Colorado, puis plus tard à la mosquée de San Diego ainsi qu’à celle de Falls Church en Virginie Occidentale.
Al-Awlaki est publiquement considéré comme un imam modéré. Il incite la communauté musulmane à participer aux élections et en 2000 encourage ses adeptes à voter pour George W. Bush.
Après les attentats du 11 septembre 2001, il condamne fermement et publiquement les attentats : « Le fait que les Etats-Unis aient administré la mort et assassiné des civils en Irak ne justifie en rien l’assassinat d’un seul civil à New York ou à Washington. »
Dans les médias, il devient le représentant parfait des musulmans américains.
Cependant, il se « radicalise » avec l’invasion de l’Irak qu’il perçoit comme une guerre menée par les Etats-Unis contre le monde musulman. En 2004, il rentre au Yemen tout en sachant être étroitement surveillé par les renseignements américains. En 2006, il est arrêté par la police Yéménite sur ordre des Etats-Unis. Il passe 18 mois en prison dont 17 à l’isolement cela sans que la moindre charge ne soit retenue contre lui. Il est finalement libéré mais tient désormais une position anti-américaine et pro-jihadiste claire et sans concession. Dans ses vidéos postées sur internet, il appelle à la résistance dans les pays arabes et à la guerre sur le sol occidental. Il est un des prêcheurs radicaux les plus suivis par les islamistes anglophones.
Le massacre d’Al Majalah
Le 17 décembre 2009, près d’Al Majalah, un village du centre du Yémen, un missile s’écrase sur un campement isolé. Le gouvernement Yéménite revendique le bombardement et l’exécution d’un camp d’entraînement d’Al Qaida. Il est 6 heures du matin et 46 personnes sont tuées sur le coup dont 14 femmes et 21 enfants.
Abdulelah Haider Shaye, un journaliste local se rend sur place et constate que les victimes étaient en fait une tribu pauvre de bédouins. Plus étonnant encore, il découvre les résidus d’un missile tomahawk américain. Un fois ses révélations publiées, le gouvernement Yéménite l’arrête et l’emprisonne. L’hypothèse d’Abdulelah Haider Shaye est que ce bombardement est en fait une bavure commise par l’armée américaine. Les gouvernements américains et yéménites maintiennent leurs versions officielles et respectives. Le journaliste américain Jeremy Scahill retrouvera le résumé d’un coup de fil officiel de Barack Obama à son homologue Yéménite dans lequel est évoqué en toutes lettres la nécessité de maintenir ce journaliste trop curieux en prison. Il faut attendre les investigations d’Amnesty International, du Telegraph puis les révélations des cables diplomatiques de Wikileaks pour qu’il soit avéré et reconnu que cette bavure au tomahawk relevait bien d’une opération militaire américaine sur le territoire yéménite.
Une semaine après celui d’Al Majalah, un nouveau bombardement a lieu au Yémen. Cette fois, le gouvernement Yéménite publie une longue liste des personnes visées par ces attaques. Sur cette liste figure le nom de Anwar Al-Awlaki. Il a réchappé à ces deux bombardements (ou n’en était pas la cible directe) et vit alors caché dans les montagnes du pays.
Un citoyen américain sur la Kill List
Comme l’expose le documentaire Dirty Wars, à partir des attentats du 11 septembre 2001, la Maison Blanche a mis en œuvre de nouveaux moyens dans la guerre contre le terrorisme. Le Joint Operation Special Command est l’un d’entre eux. Cette unité d’élite qui opère sous la seule supervision de la Maison Blanche est chargée des assassinats ciblés ou des enlèvements de cibles particulières. Si son existence comme ses opérations furent d’abord tenues secrètes, elles ont été découvertes par le grand public lorsqu’il fut révélé que ses équipes avaient menées l’opération qui permit de tuer Oussama Ben Laden. Le JSOC dont le budget comme l’effectif n’ont cessé d’augmenter ces dernières années a pour mission de constituer la liste des terroristes dans le monde et de les exécuter sur ordre du président. C’est ce même JSOC qui mène les opérations militaires américaines au Yémen.
La publication de la liste où figure le nom de Anwar Al-awlaki par le gouvernement yéménite pose un gigantesque problème de droit national et international. En effet, si ces « Kill-lists » sont connues et, bon gré mal gré, assumées par les Etats-Unis y compris sur des territoires où ils ne sont pas en guerre, Al-Awlaki est un citoyen américain. Le premier à figurer sur une telle liste. Le problème peut se résumer ainsi : comment la Maison Blanche peut-elle condamner à mort et ordonner l’exécution de l’un de ses citoyens alors même qu’aucun procès ne l’a reconnu coupable du moindre crime ?
Le père d’Anwar Al-awlaki, notable respecté, décide alors de lancer une action juridique aux Etats-Unis avec l’aide du Centre pour les Droits Constitutionnels et de l’ACLU. Il s’agit d’exiger du gouvernement américain qu’il produise les preuves justifiant la condamnation à mort de son fils. Les Etats-Unis justifièrent leur refus par le caractère trop sensible de ces informations. Un projet de loi fut présenté devant le congrès américain visant à interdire l’assassinat extra-judiciaire de citoyens américains. Mais seulement 6 membres du congrès le signèrent.
Le 30 septembre 2011, Al-Awlaki devint le premier citoyen américain officiellement assassiné par son gouvernement lorsqu’un drone piloté par le JSOC le tua, sur ordre d’Obama, quelque part au milieu du Yémen.
Le 15 septembre 2011, soit deux semaines plus tard, une bande d’adolescents furent eux aussi tués par une attaque de drone. Parmi eux, Abdularhaman, 16 ans. Jusqu’à aujourd’hui, les autorités n’ont apporté aucune explication à cette attaque, Il était le fils d’Al-Awlaki.
Quelques mois plus tôt, celui qui allait tuer à Paris un agent d’entretien, un correcteur, deux policiers, et des dessinateurs à bout portant était auprès d’Al-Awlaki… pour s’entraîner.
Cherif Kouachi aurait été financé et envoyé par Anwar Al-Awlaki. Ce nom est bien connu de ceux qui se sont intéressés à la lutte contre le terrorisme de ces dernières années. Le livre « Dirty Wars : Le nouvel art de la guerre » écrit par le journaliste américain Jeremy Scahill lui consacre tout un chapitre.
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#manifestation #ferguson
Sixième épisode de Metropolis, film réalisé à Seattle, à propos de Seattle, contre Seattle.