Trafic d'armes Meuse : un jeune homme de Nant-le-Petit arrêté en Ukraine

04/06/2016 à 20:01, actualisé le 13/06/2016 à 17:40

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Cette habitante exprime « sa surprise ». Plus fort, l’homme qui habite en face dit, lui, « on est choqués ». Évidemment, la perquisition effectuée il y a dix jours par des hommes du SRPJ de Nancy - « il y avait le déminage », raconte celui qui les a vus arriver « sur les coups de 10 h, vendredi de la semaine dernière » - n’est pas passée inaperçue à Nant-le-Petit, bourgade meusienne d’un peu plus de quatre-vingts âmes non loin de Ligny-en-Barrois.

Les policiers sont en effet venus fouiller le n° 3 de la Grande-Rue, un gros corps de ferme où se trouve domicilié Grégoire Moutaux, originaire de Bar-le-Duc. C’est le Lorrain de 25 ans arrêté à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne le 21 mai dernier, avec dans son véhicule un véritable arsenal composé d’armes de guerre (Kalachnikov) et d’explosifs (100 kg de TNT plus des détonateurs), information révélée par le site M6 info vendredi. Celui-ci ajoutait que, lors de la perquisition, des composants d’explosifs et un tee-shirt d’un groupe d’extrême droite avaient été découverts.

Dans le village, les langues se délient difficilement. « Je ne sais pas grand-chose et je n’ai pas envie de parler », répond la maire, Dominique Pensalfini-Demorise. Et d’ajouter : « Je ne tiens pas à être au courant. Après, ça relève de la justice. » L’élue sait que le jeune homme loge dans une maison appartenant à son grand-père. « Il vit seul… à ma connaissance », glisse-t-elle.

Ce que confirment ses voisins, qui le présentent comme quelqu’un de très discret. « On le voyait rarement, parce qu’il partait en déplacement en Alsace (où il travaille) », témoigne l’un d’eux. « On pouvait savoir qu’il était là quand il y avait de la lumière. Le grand-père, on le rencontre plus souvent, parce qu’il vient bricoler. » Sollicité, ce dernier, domicilié à Ligny-en-Barrois, a refusé tout entretien afin d’évoquer la personnalité de son petit-fils.

Inséminateur en Alsace

« Il disait toujours bonjour, demandait comment ça allait. C’était difficile de s’attendre à ça », réagit une vieille dame. « Son grand-père m’a juste confié qu’il était en taule là-bas sans savoir pour combien de temps. »

Côté professionnel, Grégoire Moutaux exerce le métier d’inséminateur. Il avait été embauché il y a un an par la coopérative Elitest basée dans les Vosges. Affecté dans le Bas-Rhin, il figure comme remplaçant dans le catalogue 2015-2016. C’est d’ailleurs au volant d’une voiture de la société qu’il a été intercepté. En interne, on ne fait que louer son travail et son comportement : « Il n’y a aucun reproche à lui adresser. Il a toujours eu une attitude irréprochable. C’est un salarié exemplaire… »

Auparavant, il était pareur, c’est-à-dire pédicure pour bovins dans la Meuse. Un agriculteur chez qui il est intervenu, se souvient très bien de lui. Il le décrit comme « un grand gars sec, qui portait alors des lunettes » et le dépeint comme « un bon jeune, un fou de vaches ». Il ajoute : « Il paraissait voyageur, il m’avait raconté qu’il était allé aux États-Unis. Il m’avait aussi confié qu’il s’était mis à la musculation. »

Si Grégoire Moutaux reste détenu par les autorités ukrainiennes, une enquête préliminaire a été ouverte en France par la JIRS (Juridiction interrégionale spécialisée) de Nancy pour trafic d’armes. À cette dernière donc d’établir si le transport d’armes et d’explosifs peut avoir un lien avec un éventuel projet terroriste. Les premières investigations ont été confiées à la brigade criminelle du SRPJ de Nancy.

François-Xavier GRIMAUD avec Sergio DE GOUVEIA et Eric NICOLAS


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