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Un hallucinogène testé pour l'arrêt du tabac

La psilocybine contenue dans certains champignons hallucinogènes pourrait aider des fumeurs de longue durée à arrêter de fumer. C’est le résultat d’une petite étude pilote qui a obtenu 80 % de réussite sur un échantillon de 15 fumeurs.

Le psilocybe, un champignon hallucinogène dont le principe actif, la psilocybine, pourrait aider au sevrage tabagique. © Arp, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0 Le psilocybe, un champignon hallucinogène dont le principe actif, la psilocybine, pourrait aider au sevrage tabagique. © Arp, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

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Dans les années 1950-1970, des recherches avaient porté sur l’utilisation d’hallucinogènes pour traiter la dépendance aux drogues (alcool, opioïdes). Ce champ d'étude prometteur avait été abandonné en raison des controverses suscitées par l’usage de tels produits. En 2012, des travaux ont suggéré qu'un traitement utilisant le LSD pouvait aider au sevrage alcoolique. Un article récent paru dans Journal of Psychopharmacology donne les résultats d'une recherche menée à l'université Johns-Hopkins (Baltimore) basée sur l'emploi d'un principe actif des champignons hallucinogènes, la psilocybine, pour le sevrage tabagique. 

Dans leur étude, les chercheurs ont recruté 10 hommes et 5 femmes en bonne santé. En moyenne, ceux-ci fumaient 19 cigarettes par jour et leur tabagisme s’étalait sur une durée de 31 ans. Les participants avaient tous essayé à plusieurs reprises d’arrêter de fumer, sans succès. La première dose de psilocybine fut administrée sous la forme d'une pilule à chaque participant le jour où il décida d’arrêter de fumer ; il s’agissait d’une dose modérée de 20 mg/70 kg. Des doses plus élevées (30 mg/70 kg) leur ont été données 2 semaines et 8 semaines plus tard. S’ils le souhaitaient, les participants pouvaient ne recevoir que la dose modérée lors des deux dernières sessions. L’approche clinique comportait aussi une thérapie comportementale.

Pendant chaque séance durant 6 à 7 h, les participants, qui pouvaient écouter de la musique et devaient se reposer, étaient suivis par des membres du personnel de recherche. Au bout de 6 mois, 12 participants sur 15 ont arrêté la cigarette. Du point de vue biologique, le mécanisme exact d’action de la psilocybine n’est pas connu. Mais une hypothèse est que la molécule aide à rompre le flux des pensées et des comportements addictifs qui sont ancrés chez l’individu ayant fumé pendant des années.

Le protocole avec la psilocybine semble plus efficace pour arrêter de fumer que les autres thérapies existantes.
Le protocole avec la psilocybine semble plus efficace pour arrêter de fumer que les autres thérapies existantes. © Tomasz Sienicki, Wikimedia Commons, cc by sa 3.0

La psilocybine semble plus efficace que les traitements anti-tabac

Le taux de réussite dans cette expérience est de 80 % après 6 mois, bien meilleur que celui des thérapies existantes (si l'on ne tient pas compte de la petite taille de l'échantillon). Ainsi, la varénicline (Champix) donnerait environ 35 % de réussite, alors qu’elle est considérée comme le médicament le plus efficace pour l’arrêt du tabac. D’après Matthew Johnson, auteur de cette étude, les autres traitements – remplacement par de la nicotine et thérapies comportementales – auraient des taux de succès inférieurs à 30 %.

Le traitement avec la psilocybine a conduit à des effets secondaires, comme une augmentation de la pression artérielle, des maux de tête ou de l’anxiété. Toutefois, d’après les chercheurs, il a été possible de gérer ces effets secondaires avec une réponse médicale appropriée. D'ailleurs, les médicaments prescrits pour le sevrage tabagique (bupropion, varénicline), pris quotidiennement, peuvent  provoquer des nausées ou des insomnies.

Selon les termes de l'article, il ne faut pas voir dans ces résultats une incitation à prendre des drogues psychédéliques pour arrêter de fumer. On peut néanmoins imaginer qu’un médicament à base de psilocybine soit un jour administré dans le cadre d’un programme de sevrage tabagique impliquant aussi une thérapie comportementale. Cette étude n'ayant impliqué qu'un faible nombre de participants, il faut quand même rester prudent avant d'en extrapoler les résultats.


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